La Justice de l’Ancillaire (Les Chroniques du Radch T1) – Ann Leckie

La Justice de l'Ancillaire (Les Chroniques du Radch tome 1) - Ann Leckie

Il y avait quelque temps que je n’avais pas lu de space opera, et la flopée de prix qu’a gagné La Justice de l’Ancillaire me laissait penser que le livre pouvait être bon. La réalité est plus compliquée…

Résumé (source éditeur)

Rien ne peut arrêter l’expansion de l’empire radchaaï. Chaque connexion fournit des armées supplémentaires, les ancillaires, des captifs à la conscience détruite changés en troupes de choc, des marionnettes animées par l’intelligence artificielle des vaisseaux de guerre de l’empire. L’un de ces vaisseaux, le Justice de Toren, a été détruit, victime d’un complot au plus haut niveau du pouvoir. Mais son IA est parvenue à s’échapper et à s’incarner dans le seul ancillaire rescapé du massacre. Dix-neuf ans plus tard, sa vengeance est sur le point de s’accomplir…

L’Auteure (source éditeur)

Née en 1966 dans l’Ohio, Ann Leckie a exercé des métiers aussi divers que serveuse, réceptionniste ou ingénieur du son. Elle vit aujourd’hui à Saint-Louis avec sa famille et est depuis 2014 secrétaire de la prestigieuse SFWA (Science Fiction and Fantasy Writers of America). La justice de l’ancillaire, son premier roman, a été récompensé par les plus prestigieux prix littéraires : Hugo du meilleur roman 2014, Nebula du meilleur roman 2013, Locus du meilleur premier roman 2014, British Science Fiction 2013, Arthur C. Clarke 2014…

Mon avis

La justice de l’ancillaire démarre par un pitch à la fois original (pour moi, compte-tenu de mes lectures récentes) et cependant classique. Je m’explique : l’Intelligence Articielle d’un vaisseau spatial s’est incarnée dans un des nombreux corps mis à sa disposition et se livre à une vengeance mûrement élaborée.

Le contexte du roman est intéressant, avec un empire galactique tentaculaire qui annexe et uniformise tous les mondes qu’il découvre, et où la politique et les grandes familles ont une place importante. Les vaisseaux spatiaux peuvent utiliser des corps à la conscience effacée pour mener à bien de nombreuses tâches administratives, techniques ou militaires. Ce qui donne lieu à des scènes au ressenti assez étrange (mais logique) où les points de vue des différentes « marionnettes » de l’IA se superposent ou se complètent. Une écriture pas toujours facile à suivre, et une difficulté supplémentaire s’y ajoute en ce qui concerne le genre des personnages. Pas évident de savoir si les individus de l’empire radchaaï sont masculins ou féminins, ce qui explique des choix de vocabulaires originaux mêlant les deux, mais qui rendent la lecture (souvent) laborieuse. Ceci pourrait être acceptable si cette uniformité, ou absence de distinction sexuée, servait réellement à quelque chose dans l’histoire, mais j’ai eu l’impression qu’il ne s’agissait que d’un gimmick sous-exploité.

Le personnage principal, dont on apprendra la vraie nature au cours d’un récit qui alterne passé et présent, peine à se rendre attachant. On ne sait guère à quoi il ressemble (tout comme les êtres qu’il rencontre, d’ailleurs), et peut-être est-ce son côté froid et mécanique, mais j’ai eu peu d’empathie avec lui/elle, malgré le fait qu’elle/il dévoile peu à peu des sentiments.

Bénéficiant d’un background pourtant intéressant mais sous-exploité, le style peu attractif, assez froid et lisse, la construction mollassonne de l’intrigue qui tire en longueur de La justice de l’ancillaire le desservent hélas et rendent sa lecture laborieuse, alors qu’il avait à mon sens le potentiel pour être plus captivant.

Premier volume d’une trilogie (mais qu’ont donc les auteurs de SFFF avec les trilogies ?!), il est suivi par l’épée de l’ancillaire, qui sort en avril 2016, et que je ne prévois pas de lire.

D’autres avis : Albédo – La Grande Bibliothèque d’AnudarL’Imaginarium Electrique – Quoi de neuf sur ma pile ? – AlbedoLe Culte d’ApophisBlog-o-livreReflets de mes lecturesLes lectures du makiNaufragés VolontairesRSF Blog – …

Une lecture qui participe au Challenge SFFF et Diversité :

  • 1/ Une oeuvre de SF écrite par une femme
  • 16/ Le premier livre d’une série SFFF que vous n’avez jamais lu
  • 17/ Un livre dans lequel une IA ou des robots ont un rôle prépondérant
  • 18/ Un livre SFFF traduit

logo-challenge-sfff-diversité

17 commentaires

  1. Je te rejoins tout à fait. Je pense que c’est la traduction française qui a également fait du mal à ce tome 1. C’est davantage mixé (les genres) que dans la VO qui du coup est plus fluide. Pour la version française les choix « partisans » ont rendu la lecture bien plus laborieuse et cassé énormément le rythme.
    Ce n’est guère étonnant que beaucoup de lecteurs ne l’achèvent pas ou ne prévoit pas de poursuivre. Pour ma part, je ne sais pas encore. Peut-être que ce sera oui pour le tome 2 ?? mais une chose est sûre, si la traduction est aussi merdique, je laisserait définitivement tomber malgré l’accumulation des prix!

    Enfin, merci beaucoup de m’avoir mis en lien.

    J’aime

    • A la décharge du traducteur, je pense que c’est assez difficile de transcrire la neutralité du pronom neutre « it » mais il aurait sans doute dû carrément trancher. En VF, un « vaisseau » est un nom masculin mais pour autant on sait bien que ce n’est pas un individu sexué mâle, alors utiliser des pronoms et des noms de genre différents fait un mélange bizarre qui choque l’oeil et fait sortir de la lecture, c’est dommage.

      Et pour le lien, de rien, c’est avec plaisir, j’essaye de trouver d’autres articles chez mes connaissances pour que les lecteurs puissent découvrir d’autres avis (qu’ils soient proches du mien ou pas du tout^^).

      Aimé par 1 personne

  2. Entièrement d’accord encore une fois…
    Ce n’est pas que la traduction qui laisse à désirer, c’est une idéologie aussi à l’oeuvre qui me gonfle…

    J’aime

  3. J’ai laissé tomber deux fois, mais je ne désespère pas de le finir un jour. À moins que…
    Et le début est d’une lenteur !

    Quant au choix de traduction, je pense que ce problème du genre est beaucoup plus complexe à faire passer en français qu’en anglais. En anglais, les adjectifs ne sont pas genrés ce qui pose beaucoup moins de problème. En français par contre…

    J’aime

    • Bon, le rythme est ce qu’il est, ça accélère un tout petit peu dans les dernières pages (sic) mais globalement c’est mou, il faut le dire.

      Pour la question du genre, c’est sûr que le pronom neutre est un casse-tête à traduire ou en tout cas à essayer de transcrire ou de transposer en français. Mais le principal souci amha est que ça ne sert à rien dans l’intrigue, c’est juste pour essayer de faire passer le côté asexué du vaisseau et/ou de la civilisation radchaaï, mais c’est finalement peu exploité et du coup, au moins en français, ça casse le rythme de lecture.

      J’aime

  4. Bon ben, une chose est sûre, je vais passer mon chemin malgré le thème qui est intéressant ! Autant éviter de partir sur une trilogie si en plus le reste ne suit pas 🙂

    J’aime

Laissez un commentaire...