Vostok – Laurent Kloetzer

Vostok Laurent Kloetzer DenoelLorsque j’ai lu le résumé de Vostok, je n’étais pas très chaud (ah ah) pour le lire. Mais le nom de Kloetzer, dont j’ai apprécié CLEER (prix du Planète-SF 2011, je l’ai déjà dit ?) et Anamnèse de Lady Star (finaliste 2013 dudit prix, lauréat du G.P.I., entre autres, c’est dire le niveau), et les avis enthousiastes de plusieurs blogueurs m’ont convaincu de le lire. Et c’est peu de dire que je ne le regrette pas.

Résumé (source éditeur)

Vostok, Antarctique. L’endroit le plus inhospitalier sur Terre. Des températures qui plongent jusqu’à – 90 °C. En 1957, les Russes y ont installé une base permanente, posée sur un glacier de 3 500 mètres d’épaisseur, ignorant alors qu’à cet endroit, sous la glace, se cache un lac immense, scellé depuis l’ère tertiaire. Pendant des décennies, équipe après équipe, puits après puits, ils ont foré la glace. Pour trouver, peut-être, des formes de vie jusque-là inconnues.

Vingt ans après la fermeture de la base, un groupe d’hommes et de femmes y atterrit, en toute illégalité. Ils vont réchauffer le corps gelé de Vostok, réveiller ses fantômes. Ils sont là pour s’emparer du secret du lac. S’ils échouent, il ne leur sera pas permis de rentrer vivants chez eux.

Situé dans le même futur qu’Anamnèse de Lady Star, Vostok narre l’incroyable aventure d’une très jeune femme, Leonora, condamnée à laisser les derniers vestiges de son enfance dans le grand désert blanc.

L’Auteur (source éditeur)

Laurent Kloetzer, né en 1975, est un écrivain français, auteur de romans et de nouvelles de fantasy et de science-fiction. Il utilise le pseudonyme L. L. Kloetzer pour les livres qu’il écrit avec sa femme Laure.

Mon avis

Alors que Vostok est le nom d’une base russe située en Antarctique, voilà que le roman commence en fait au Chili ! Démarrant comme un thriller, avec enlèvements, rançons, extorsions et cartels high-techs se livrant une guerre acharnée, le début du livre surprend. L’héroïne, une ado nommée Leo, soeur du caïd local qui l’empêche de mener une vie normale, se retrouve impliquée dans le projet de celui-ci. Dire en quoi il consiste dévoilerait une des belles surprises du livre, je me tairai donc mais sachez qu’une petite équipe va devoir affronter le froid polaire pour rechercher des secrets enfouis bien loin sous la glace. En découvrir d’autres, plus surprenants.

Et grâce à l’écriture de Laurent Kloetzer (en solo cette fois), ce qui pourrait n’être qu’un techno-triller devient une quête passionnante, où l’on retrouve le souffle des pionniers enfermés dans des conditions précaires, tandis que le vent souffle des bourrasques de neige et que la température descend (l’été à – 20°C, l’hiver à – 90°C…).  Les corps et les âmes souffrent au moins autant que les matériaux et il faut faire avec les moyens du bord, tandis que les aides et secours sont bien loin, à plusieurs journées ou semaines de distance. Pour avoir visité une exposition au Musée des Confluences de Lyon sur la course au Pôle Sud, j’ai pu me rendre (très) partiellement compte de l’ambiance… L’auteur nous distille aussi des données sur la vie dans ces environnements extrêmes, sur l’histoire de la recherche en Antarctique en intégrant ces éléments de façon fluide dans son récit, sans noyer le lecteur sous des pages de descriptions rébarbatives, mais en les parsemant au gré des péripéties et de l’action.

En filigrane, on lira aussi dans Vostok une ode aux années glorieuses des pionniers scientifiques qui ont donné leur temps, parfois leur corps voire leur vie entière en œuvrant pour la science de leur pays.
Une certaine nostalgie des grands élans patriotiques (qui se sont éteints à la fin de la Guerre Froide et après l’effondrement de l’U.R.S.S. ?) mais aussi une certaine collaboration entre pays – ou tout du moins entre certains de leurs représentants, minée par le manque d’argent (souvent) et d’ambition des politiques (encore plus souvent).

Introduisant un élément « techno-fantastique » avec un personnage ghost, sorte d’hybride entre un garçon et un programme informatique, Kloetzer réussit à faire le lien entre deux générations d’héroïnes à fort caractère. La jeune Leo, sœur de Juan le truand sanguinaire et superstitieux, et la savante défunte Veronika, qui a marqué durablement son ancien collègue Vassili, et que l’on découvrira notamment grâce à des extraits de son livre. Un pont générationnel à la fois technologique – et parfois même mystique – réussi.

Le lien avec l’univers d’Anamnèse, ténu au début du roman se fait réellement sur la fin, sans que la lecture de cet autre roman soit impérative (mais je vous la conseille, anyway, parce que Kloetzer, c’est bien). Vostok reste largement plus abordable et moins complexe, et donc tout aussi recommandable. Partez explorez l’enfer blanc, en découvrir ses secrets, y croiser ses fantômes et revenez-en changé. Ou bien choisissez d’y rester…

D’autres avis : Blog-o-livre – Les Lectures d’Efelle – LivrementLorhkan – L’Ours Inculte – Quoi de Neuf sur ma Pile – Un Papillon dans la LuneRSF BlogAu Pays des Cave Trolls – …

Bonus : Le fil de discussion sur le forum du Planète-SF – Une interview de Laurent Kloetzer par Gromovar

21 commentaires

  1. Tiens, comme quoi les livres peuvent parler différemment aux lecteurs 🙂 À l’inverse, j’étais très enthousiaste en lisant le quatrième de couverture. J’ai apprécié aussi les deux thèmes scientifique et mystique (qui peuvent égayer en même temps la vie de personnes).

    J’aime

Laissez un commentaire...