Water Knife – Paolo Bacigalupi

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J’ai beaucoup lu et toujours apprécié Paolo Bacigalupi et j’attendais avec impatience de pouvoir me procurer Water Knife (traduction – ou pas – du titre original The Water Knife, j’imagine que « Le Coupeur d’Eau » n’aurait pas été très judicieux !). Le fait de le rencontrer au Utopiales, et de pouvoir lui faire de décidacer le livre (ainsi qu’à la traductrice Sara Doke), de pouvoir échanger quelques mots et de le voir en conférence, sont de très bons souvenirs.

Résumé (source éditeur)

Dans un futur proche, la guerre de l’eau fait rage autour du fleuve Colorado. Détective, assassin et espion, Angel Velasquez protège les intérêts de la Southern Nevada Water Authority. Pour cela, il coupe l’eau ou assassine les personnes indésirables. Envoyé à Phoenix, il y rencontre Lucy Monroe, une journaliste endurcie, et Maria Villarosa, une migrante texane rêvant de fuir vers le Nord.

L’Auteur (source éditeur)

Les nouvelles de Paolo Bacigalupi ont été publiées dans de nombreux journaux et magazines de SF. Ses fictions ont été sélectionnées pour les prix Nebula et Hugo et il a remporté le prix Théodore Sturgeon de la meilleure nouvelle en 2006. Il écrit également des essais, publiés dans de nombreux journaux américains. Il a remporté les prix Hugo, Nebula et Locus 2010 avec La Fille Automate. Il vit dans l’Ouest du Colorado avec sa femme et son fils.

Mon avis

De retour des Utopiales, je n’ai pas tardé à mettre le livre sur le dessus de ma PAL et à me jeter sur lui comme la misère sur le monde – ou la sécheresse sur le Sud Ouest américain, lieu du récit, dans un futur proche.

Une région que je connais un peu, puisque j’y étais encore en vacances l’été dernier. Et j’avais d’ailleurs été sidéré par la débauche d’énergie dépensée à Las Vegas, sorte de Disneyland construit en plein désert (50 °C lors de mon passage). Californie, Nevada, Arizona, 3 états où j’ai séjourné et qui se livrent ici une guerre autour de l’eau, ressource naturelle indispensable. L’eau c’est la vie comme on dit couramment, et ici c’est aussi la mort.

L’action se déroule à Phoenix, capitale de l’Arizona, totalement ensablée et rattrapée par le désert. Dans des tours réservées aux nantis, les plus riches vivent en quasi autarcie, respirant l’air filtré et profitant de la climatisation, tandis que leur eau est recyclée. Mais au dehors, sous des températures caniculaires, c’est la misère pour le quidam moyen. Des quartiers entiers sont désertés car privés d’eau, et seuls les dépeceurs de bâtiments viennent encore y récupérer quelque matériau intéressant (le lecteur de Ferrailleurs des Mers y trouvera un clin d’œil). Les pauvres, et les réfugiés climatiques d’autres états (tels le Texas asséché) s’entassent dans des ghettos autour de pompes à eau fournies par des ONG. C’est le règne de la débrouille et du trafic, en attendant de pouvoir tenter sa chance, et risquer sa vie, en essayant de rejoindre le Nord. Mais pour cela il faut braver la frontière de l’état et la frontière naturelle que constitue le fleuve mais aussi les milices et les drones.

L’histoire nous présente trois personnages intéressants et attachants. Angel, le Water Knife, est l’homme de main de la grande boss de Las Vegas. Une usine à saboter, un témoin à éliminer, un fermier à expulser, rien ne lui fait peur quand il s’agit d’être fidèle à celle qui l’a sorti de prison, et a donné un sens à sa vie. Il enquête sur la piste de mystérieux droits à l’eau du Colorado d’importance stratégique et qui valent des millions. Mais le fait de croiser Lucy va le faire douter, et commettre des erreurs. Elle, la journaliste attachée à sa ville, au point de se laisser entraîner dans une spirale auto destructrice, va enquêter sur un sujet qu’il vaudrait mieux ignorer. Et Maria, l’immigrée texane va, elle, tout faire pour rejoindre le Nord Ouest. Spéculer sur l’eau, vendre son corps ou essayer de passer en fraude, le désespoir mène à tout.

Et du désespoir il y en a dans The Water Knife. Car si les personnages sont beaux, ils sont aussi durs et même parfois cruels, quitte à trahir tout ce (et ceux) en quoi ils croient pour vivre un peu plus et sauver leur peau. Leur pays est foutu mais ils s’accrochent et tentent de subsister à tout prix, même s’il faut écraser les autres.

Thriller climatique d’anticipation remarquablement écrit et (hélas) saisissant de réalisme, le livre décrit un futur bien trop proche mais lequel nous fonçons tête la première sans ralentir. Et le désert qui s’ouvre devant nous est paradoxalement… glaçant. Gageons que le climatoscepticisme du nouveau Président élu américain ne va pas améliorer les choses.

D’autres avis : Blog-o-livreLorhkanNevertwhere – Quoi de neuf sur ma pileRSF blogUn Papillon dans la LuneLes Pipelettes en Parlent – …

Bonus : interviews de l’auteur lors des Utopiales 2016 par Gromovar

Retrouvez Paolo Bacigalupi sur ce site pour Ferrailleurs des MersLes Cités EngloutiesL’Alchimiste de KhaimLa Fille AutomateLa Fille Flûte

Une lecture qui participe au challenge Dystopie de ValUnivers

challenge dystopie

33 commentaires

  1. Je crains que même sans l’homme l’issue soit quand même déjà écrite. Pourra-t-on la ralentir ?…
    C’est un idée ou je ne te sens pas génialement emballé? des attentes trop importantes ou je me trompe ?

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  2. Je n’ai jamais eu l’occasion de lire cet auteur, mais j’avoue que l’ambiance qui se dégage à la lecture de ta chronique me plaît beaucoup. Je sais quoi mettre sur mes listes de Noël et d’anniversaire, merci 😉

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  3. Xapur, dois-je te féliciter (ou pas) pour ta blague pourrie de sécheresse sur le Sud Ouest américain pour nous dire comment tu t’es jeté sur un livre qui s’appelle Water Knife ? 😉
    Donc je comprends que tu as bien aimé ce livre. Décidément, il faudrait que je découvre la plume de cet auteur (un jour…)

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  4. Autre avis bien positif sur le livre… ça donne envie de le découvrir.
    Bien que je connaisse le nom, je n’ai encore jamais lu cet auteur… j’ai un faible aussi pour le Diable Vauvert… donc tentant tout ça… 🙂

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