Planetfall – Emma Newman

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Après avoir lu beaucoup de bien de Planetfall, je me suis décidé à découvrir ce roman et son héroïne atypique.

Résumé

(source éditeur)

Touchée par la grâce, Lee Suh-Mi a reçu la vision d’une planète lointaine, un éden où serait révélé aux hommes le secret de leur place dans l’Univers. Sa conviction est telle qu’elle a entraîné plusieurs centaines de fidèles dans ce voyage sans retour à la rencontre de leur créateur. Vingt-deux ans se sont écoulés depuis qu’ils sont arrivés là-bas et qu’ils ont établi leur colonie au pied d’une énigmatique structure extraterrestre, la Cité de Dieu, dans laquelle Lee Suh-Mi a disparu depuis lors.

Ingénieur impliquée dans le projet depuis son origine, Renata Ghali est la dépositaire d’un terrible secret sur lequel repose le fragile équilibre de la colonie, qui pourrait voler en éclats avec l’entrée en scène d’un nouveau membre, un homme qui ressemble étrangement à Suh-Mi, trop jeune pour faire partie de la première génération de colons…

L’Auteure

(source Babélio)

Originaire du sud-ouest de l’Angleterre, Emma Newman prête sa voix à de nombreux livres audio et anime un célèbre podcast.

Auteure de nouvelles noires et d’une série de fantasy urbaine saluée par la critique, « Split Worlds », elle se lance avec « Planetfall » (2015) dans une science-fiction de haut vol.

Elle vit à Somerset.

Mon avis

Sur une nouvelle planète habitable, des colons ont survécu à la Chute, en fait atterrissage de leur module de transport, et se sont établis aux pieds de la Cité de Dieu. Une espèce de colline organique ou d’arbre géant où une Élue s’est établie et leur envoie un message tous les ans. Tout se déroule plutôt bien, dans la paix et une relative prospérité liée à l’adaptation au milieu biologique assez particulier. Jusqu’au jour où arrive un autre rescapé, fils de survivants d’un autre module, alors que l’on pensait qu’ils avaient tous été détruits, sauf celui des colons.

Manque de chance, cette arrivée coïncide avec les préparatifs de la célébration annuelle du message de l’Élue, dont le nouvel arrivé s’avère être parent. Et de lourds secrets, partagés par deux des premiers arrivés sur la planète, vont devoir être révélés.

Sur une trame peu classique, Emma Newman entretient un suspense réjouissant, du début à la fin tant on se doute que quelques chose ne tourne pas rond dans ce petit Eden, mais sans savoir exactement quoi. Elle nous peint aussi une adaptation originale à un milieu a priori habitable mais qui contient quantité de micro-organismes ou de pollens qui peuvent être pathogènes (rompant ainsi avec la classicisme des gros monstres belliqueux habituels en SF), et les excursions de l’héroïne dans la Cité de Dieu sont aussi impressionnantes qu’étranges et répugnantes. Sans parler de la façon dont l’initiatrice du projet de conquête spatiale a été « touchée par la grâce ».

L’héroïne, Renata, est aussi l’un des points forts du roman. C’est d’ailleurs la narratrice, pas si jeune grâce à la technologie, désabusée, complice de mensonges plus par faiblesse de caractère et par espoir de souder sa communauté que par réelle volonté, et affublée d’un TOC qui la fait conserver tout ce qu’elle peut ramasser, et l’entasser dans son habitation surchargée.

Un roman original et réussi de colonisation, qui nous interroge aussi sur la Foi, les mensonges et les compromissions nécessaires à celle-ci et à la vie en communauté.

Un autre roman, After Atlas, a été écrit et se déroule sur la Terre, après le départ du vaisseau colonisateur. Espérons le voir arriver en V.F. prochainement. [Edit : c’est fait, il est sorti en février 2018 et mon avis est par ici]

Petit nota bene : il faudrait juste que les écrivains de SF actuels arrêtent un peu avec la mode des imprimantes (3D) qui permettent de produire à la demande tout ce dont ont besoin leurs héros (McDonald en abuse aussi dans Luna). Ce n’est pas nouveau en SF, on avait l’habitude de cela dès les années 50-60 mais j’ai « l’impression » (ah ah) que cela revient en force : ma tablette me donne 77 occurrences du mot « imprimante » ou du verbe « imprimer » dans ce roman de 286 pages…

D’autres avisReflets de mes lectures, Quoi de neuf sur ma pile, Les lectures du maki, L’Imaginarium Electrique, Au Pays des Cavetrolls, Lorhkan, RSF blog, Lecture42, L’Épaule d’Orion – …

Bonus : interview de l’auteure par Gromovar

De la même autrice, sur ce blog : 

34 commentaires

  1. Tout comme toi, j’ai hâte de voir After Atlas traduit, ce qui devrait se faire toujours chez J’ai lu millénaire en 2018 d’après ce que j’ai vu je ne sais plus où !! (ça c’est de l’info :-/)
    Content de voir que je ne suis pas le à trouver les imprimantes multifonctions super pratique… 😀

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  2. Retour enthousiaste sur ce livre, encore une fois ! Pour les imprimantes 3D, nano-usines etc, on les veut tellement, c’est pour ça ! 😀

    Les thèmes m’intéressent, foi, colonisation, pour l’instant je n’ai pas le temps mais je le note dans un coin !

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  3. Tel que tu le décris, ce roman ressemble à un mélange entre le cycle Le programme conscience de Frank Herbert et BIOS de Robert Charles Wilson.
    Personnellement, j’ai été échaudé par l’écriture de l’auteure sur un de ses textes en VO, donc je pense que sur ce coup là, malgré ton avis positif, je vais m’abstenir. Ou du moins, ce ne sera pas une priorité.

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  4. l’imprimante 3D m’a vraiment gonflée dans Luna. c’est bête mais elle est responsable en partie de mon agacement et donc de mon accueil plutôt mitigé de Luna.
    J’ai prévu de lire Planettfall, mais vais attendre un peu. Le coup de l’imprimante 3D doit s’estomper sinon je vais prendre le livre en grippe dès les premières occurrences…

    Le reste me fait bien envie!

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  5. Ca ne vous dérange pas d’avoir spoilé la maladie de l’héroïne, sachant qu’une partie des commentateurs n’a visiblement pas lu le roman ? Le traitement psychologique de l’héroïne est quand même au centre de l’histoire…
    Sinon, pour répondre à Apophis, je pense qu’on peut lire Planetfall en partie pour son style très soigné. Son traitement de la maladie de Ren est bluffant de réalisme, par exemple.

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    • Quelle agressivité pour un premier commentaire ! Difficile de parler du roman sans parler de la maladie de l’héroïne, ceci dit. Il y a d’autres spoilers dans ma chronique, et dans les autres de ce blog, je vous invite à ne plus venir les lire si cela vous dérange.

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  6. Ayant lu et aimé le roman, je n’ai pas été spoilé: je commente uniquement en pensant au droit d’autrui à découvrir l’histoire, dont c’est un élément central. On peut tout à fait tourner autour sans le mentionner clairement dans le cadre d’une chronique: vous avez simplement fait votre choix.

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    • Vous vous érigez en défenseur de mes lecteurs contre mes méchants spoils, comme c’est aimable à vous.
      Vous pouvez faire votre choix également, celui de ne plus venir me lire, je vous y encourage.

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  7. C’est surtout dommage de toujours employer le terme imprimante, de mémoire avant y’avait tout un vocabulaire exotique pour décrire la « boite magique » qui te fabrique tout ce dont tu as besoin avant :D.

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  8. Un très beau roman. J’ai été vraiment marqué par Ren, et le thème des troubles et maladies mentale me touche particulièrement, surtout quand il est abordé, comme ici, avec tant de justesse.
    Content de voir qu tu as aussi passé un bon moment 🙂

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