Cérès et Vesta – Greg Egan

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Alors que je me méfie toujours un peu de Greg Egan à cause de l’étiquette « Hard science » qui lui est collée, les bons avis de mes collègues blogueurs m’ont incité à lire ce court roman paru chez Le Bélial, ce qui en fait mon troisième Une Heure-Lumière…

Résumé

(source éditeur)

Cérès d’un côté, Vesta de l’autre. Deux astéroïdes colonisés par l’homme, deux mondes clos interdépendants qui échangent ce dont l’autre est dépourvu — glace contre roche. Jusqu’à ce que sur Vesta, l’idée d’un apartheid ciblé se répande, relayée par la classe politique. La résistance s’organise afin de défendre les Sivadier, cible d’un ostracisme croissant, mais la situation n’est bientôt plus tenable : les Sivadier fuient Vesta comme ils peuvent et se réfugient sur Cérès. Or les dirigeants de Vesta voient d’un très mauvais œil cet accueil réservé par l’astéroïde voisin à ceux qu’ils considèrent, au mieux, comme des traîtres… Et Vesta de placer alors Cérès face à un choix impossible, une horreur cornélienne qu’il faudra pourtant bien assumer…

Editeur : Le Bélial – Parution : Février 2017 – 120 pages

L’Auteur

(source éditeur)

Écrivain australien né à Perth en 1961, Greg Egan publie son premier récit, An Unusual Angle, en 1983. Plus de vingt-cinq ans plus tard, après avoir révolutionné la science-fiction à travers dix romans et une soixantaine de nouvelles — un talent unique salué par le prix Hugo et le John W. Campbell Memorial Award —, il est unanimement considéré comme l’écrivain le plus fascinant de sa génération et la meilleur clé qu’offre le domaine pour appréhender les vertiges annoncés du siècle nouveau. Après une éclipse littéraire de quelques années, lors desquelles il s’est consacré à l’aide aux réfugiés, Egan est revenu aux affaires avec Incandescence en 2008. Son huitième roman, Zendegi, est paru en France en 2012.

Mon avis

Sous une superbe (comme toujours) couverture d’Aurélien Police se cache un court roman (ou une novella) de science-fiction. Sur l’astéroïde Vesta, les descendants de la famille Sivadier sont montrés du doigt et commencent à être persécutés, sous prétexte que leurs ancêtres auraient profité indûment du développement de la colonie. S’ils n’ont aucun signe extérieur attestant de leur héritage, ils peuvent être tagués par les implants optiques de leurs interlocuteurs et repérés facilement. Certains choisissent la résistance, par le biais de petits sabotages destinés à faire prendre conscience de la bêtise de les dénigrer. D’autres préfèrent la fuite, l’exil, vers le monde voisin de Cérès, qui échange des ressources (blocs de glace pour l’eau contre blocs de roche pour la construction) avec Vesta dans une relation bilatérale profitable. Hélas, ceux de Vesta ne comptent pas accepter que leurs victimes fuient aussi facilement…

Peu de hard science (ouf !) dans ce texte, pourtant basé sur les deux plus importants astéroïdes située entre Mars et Jupiter. Composé de courts chapitres, il alterne les points de vue. Celui de Camille, médecin vivant sur Vesta, descendante de Sivadier et qui voit monter le racisme, tandis quelle verse dans le sabotage (on n’est pas loin du terrorisme). Celui d’Anna, responsable de l’astroport de Cérès, poste a priori dédié à la routine. Elle va faire la connaissance d’Olivier, le compagnon de Camille, arrivant sur Cérès après trois ans d’animation suspendue dans l’espace, collé à un bloc de pierre faisant le trajet. Et va se retrouver face à un choix cornélien. Deux personnages principaux assez développés, le format n’autorise pourtant guère de digressions, d’ailleurs j’aurais aimé en savoir un peu plus sur ces deux mondes, leur histoire ou leur culture.

Mais l’essentiel est ailleurs, puisqu’il s’agit ici de dénoncer le racisme, son irrationalité et les questions d’immigration. Et au delà de ça, la bêtise ordinaire qui consiste à dénigrer et stigmatiser d’un coup un groupe de personnes auparavant tout à fait fréquentables, à les considérer subitement comme des souffre-douleurs. Lutter, quitte à se radicaliser, se soumettre, quitte à s’abaisser, ou fuir, tels sont alors les seuls choix possibles. Mais encore faut-il savoir dans quelle société on veut – et peut – vivre, et pouvoir être accueilli ailleurs. Bien sûr, le thème résonne avec l’actualité internationale mais aussi avec plusieurs périodes historiques troublées (sans parler du contexte australien de l’immigration qui a inspiré l’auteur). La fin est un peu abrupte, mais l’auteur arrive en camper en une petite centaine de pages une société future crédible, et à nous interroger sur des sujets importants, que demander de plus ?

On notera les nombreux prénoms et noms d’origine française utilisés par Egan. Un clin d’oeil à notre histoire concernant les Droits de l’Homme ? Ou une simple volonté de « dépaysement » pour un auteur anglo-saxon ?

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27 commentaires

  1. C’est vrai que je me suis posée la question pour les prénoms, à une époque j’aurais dit que le traducteur a décidé de tout franciser mais ça ne se fait plus de nos jours…

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