Fire and Blood – George R.R. Martin

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Les lecteurs du Trône de Fer, et les spectateurs de Game of Thrones connaissent la famille Targaryen par les allusions qui y sont faites, mais aussi et surtout par la petite dernière de la lignée, Daenerys (du Typhon de la maison des Targaryen, souveraine légitime des Sept Couronnes, reine des Andals et des premiers hommes, reine de Meereen, briseuse de chaînes et Mère des dragons, l’Imbrûlée… et j’en oublie).

Dans cet épais tome de 700 pages en anglais (qui donne lieu à 2 tomes et une intégrale en VF, j’y reviendrai), qui aura une suite qui plus est (donc 2 autres tomes et une autre intégrale VF, j’y reviendrai, j’ai dit !), G.R.R.Martin nous détaille la saga familiale.

Résumé

(source éditeur)

Set 300 years before the events in A Song of Ice and Fire, FIRE AND BLOOD is the definitive history of the Targaryens in Westeros as told by Archmaester Gyldayn, and chronicles the conquest that united the Seven Kingdoms under Targaryen rule through to the Dance of the Dragons: the Targaryen civil war that nearly ended their dynasty forever.

The thrilling history of the Targaryens comes to life in this masterly work by the author of A Song of Ice and Fire, the inspiration for HBO’s Game of Thrones.

With all the fire and fury fans have come to expect from internationally bestselling author George R.R. Martin, this is the first volume of the definitive two-part history of the Targaryens in Westeros.

Centuries before the events of A Game of Thrones, House Targaryen the only family of dragonlords to survive the Doom of Valyria took up residence on Dragonstone. Fire and Blood begins their tale with the legendary Aegon the Conqueror, creator of the Iron Throne, and goes on to recount the generations of Targaryens who fought to hold that iconic seat, all the way up to the civil war that nearly tore their dynasty apart.

What really happened during the Dance of the Dragons? Why was it so deadly to visit Valyria after the Doom? What were Maegor the Cruel’s worst crimes? What was it like in Westeros when dragons ruled the skies? These are but a few of the questions answered in this essential chronicle, as related by a learned maester of the Citadel, and featuring more than eighty all-new black-and-white illustrations by artist Doug Wheatley.

With all the scope and grandeur of Gibbon’s The History of the Decline and Fall of the Roman EmpireFire and Blood is the ultimate game of thrones, giving readers a whole new appreciation for the dynamic, often bloody, and always fascinating history of Westeros.

Editeur : HarperCollins – Date de parution : 20/11/2018 – 736 pages

En V.F. chez Pygmalion, paru sous le titre Feu et Sang, ne comprenant pas d’illustrations pour les tomes 1 et 2 mais les reprenant dans l' »intégrale ». Traduction de Patrick Marcel.

L’Auteur

(source éditeur)

George R.R. Martin, scénariste et producteur de nombreux films et feuilletons de télévision, est également l’auteur de la célèbre série Trône de Fer – adaptée sous le titre Game of Thrones par HBO.

Mon avis

Comme dit plus haut, Fire and Blood est l’histoire de la famille Targaryen, fuyant la cité mythique (et maudite) de Valyria pour s’installer à l’ouest, qu’elle va ensuite conquérir et unifier (si on excepte plus ou moins Dorne, toujours à part). Pour les événements qui précédent cette saga, et notamment l’histoire plus ancienne de Westeros, il faudra se tourner vers The World of Ice and Fire: The Untold History of Westeros and the Game of Thrones (en VF : Game of Thrones : les Origines de la Saga) que j’e vous présenterai bientôt.

Fire and Blood se présente comme un récit, l’histoire des Targaryen en tant que rois de Westeros, établie grâce à une compilation de textes historiques par l’Archmaester Gyldayn et adaptée par rien moins que G.R.R. Martin de façon à faire connaître au public moderne les faits et gestes principaux de leur longue lignée. Il ne s’agit donc pas d’un roman, ni de textes romancés, mais bien d’une étude (ou d’un recueil de nouvelles) qui cite de nombreuses sources, parfois divergentes, et comprend des lacunes. Soit parce qu’aucun maestre n’était présent ou n’a pris de note, soit parce qu’aucun document historique n’existe ou n’a été retrouvé plusieurs siècles plus tard. Certains n’aimeront pas ce style de texte, lui reprochant d’être trop froid ou détaché des personnages, comme extérieur, ce qu’il est un peu bien entendu. Personnellement, j’ai apprécié cette approche.

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Il y aura donc deux tomes sur la famille Targaryen, et celui-ci n’est donc que le premier, comptabilisant quand même 700 pages dont plus de 80 illustrations en noir et blanc signées Doug Wheatley, que je juge très réussies. Les Targaryen ont régné 300 ans sur Westeros, et ce tome couvre la période allant de l’an 0 A.C. (After the Conquest – l’unification des Sept Royaumes marquant le début de la chronologie du pays) jusqu’à l’an 136 A.C. Certains textes sont déjà parus, sous une forme abrégée, dans d’autres supports et anthologies, mais n’en ayant rien lu, la découverte a été totale pour moi.

On commence donc avec Aegon the Conqueror (Alias Aegon I ou Aegon the Dragon) né à Dragonstone (alias Peyredragon) de parents ayant fui Valyria avant sa chute et qui, aidé de ses deux soeurs-épouses (une tradition de famille chez les Targaryen !), va unifier de force les Sept Royaumes. Il faut dire que les trois dragons qu’ils montent ne sont pas pour rien, loin s’en faut, dans leurs réussites militaires et l’obéissance « loyale » de leurs nouveaux sujets… Il s’ensuit alors une longue période de paix et de prospérité, tandis que les Targaryen prospèrent et qu’Aenys Ier accède au trône à son tour.

Pour autant, la révolte gronde à cause du mariage incestueux de son fils Aegon avec sa soeur Rhaena, habituel en Valyria mais rejeté en Westeros. C’est le début d’une longue guerre civile initiée par des religieux. A la mort d’Aenys, c’est son frère Maegor (ancienne Main du Roi) qui prend le pouvoir de force. Une période terrifiante commence pour les Sept Couronnes à cause du caractère violent et belliqueux de ce roi.

Suit le très long, plus de cinquante ans, et paisible règne de Jaehaerys I, une main de fer dans un gant de velours. Les Targaryen sont alors considérés comme une exception à la foi grâce à leur « Sang du Dragon » et leurs mariages consanguins acceptés. Jaehaerys préfère la dissuasion (des dragons) à la guerre et règne avec sa soeur et femme Alysanne. Une diplomate elle aussi, et mère de famille nombreuse avec treize enfants dont nous connaîtront tout ou presque.

Malgré cela, les drames se succèdent et la place est chère sur le TdF, c’est leur petit-fils Viserys, un peu effacé et sans doute trop conciliateur, qui prend le relais. Et au grand jeu des mariages familiaux, remariages, cousinages etc… les appétits des prétendants au trône s’aiguisent. A sa mort commence en effet la Danse des Dragons, quand deux partis en présence, chacun possédant son petit groupe de dragons, les deux branches d’une grande famille, s’entre-tuent. Arpès des combats dantesques, cela signera la quasi-disparition de ces animaux fantastiques associés aux Targaryen et qui ont marqué l’histoire de Westeros. On continuera alors la saga avec Aegon II puis son fils, le palot Aegon III, sous la coupe de régents pendant plusieurs années et échappant de peu à un empoisonnement. Son accession au pouvoir à sa majorité, 16 ans, marque la fin de ce premier tome.

Il n’est pas toujours évident de garder trace des différents personnages, entre famille nombreuses, noms repris d’une génération à l’autre ou dérivés les uns des autres (Aegon, Aegor, Aenys, Aemon, Vaegon…), et on se reportera souvent à l’arbre généalogique bien utile situé en fin de volume. Dommage par contre qu’il n’y ait pas de carte de Westeros, parce que les pérégrinations des personnages et leurs conquêtes auraient été plus faciles à suivre.

Les passionnés suivront donc avec intérêt ce récit certes un peu austère mais que Martin pimente de nombreuses péripéties grâce à l’apport de sources historiques parfois loufoques (telles les mémoires du fou de plusieurs rois successifs, un nain salace et alcoolique nommé Mushroom et qui n’est pas sans évoquer un certain Lannister). L’auteur, comme pour le reste de la saga, s’est bien sûr inspiré des vrais récits des rois médiévaux européens.

On y découvrira l’origine de certains passages mythiques des livres, ou de la série Game of Thrones, tels que la façon dont le gigantesque château de Harrenhal a été construit, puis quasiment détruit par un dragon, on saura qui s’en enfuit vers les Cités Libres de l’Est en volant des oeufs de dragon, mais aussi la création des manteaux dorés des gardes royaux, la construction de King’s Landing (Port-Réal), du Red Keep (Donjon Rouge), des routes royales et plein d’autres anecdotes.

Et bien sûr on croisera les ancêtres des personnages de maisons connues : Baratheon, Lannister, Tully, Tyrell, Arryn et autres Stark sont en effet (déjà) aux premières loges de la saga, voire accrochés aux branches de l’arbre généalogique des Targaryen, les mariages entre familles nobles aidant souvent à renforcer la paix ou à annexer des territoires sans combats.

Il me tarde maintenant de lire la suite, et je me demande comment l’auteur va maintenir l’intérêt sur les 150 ans d’histoire qu’il reste à couvrir jusqu’au renversement d’Aerys II. On verra en 20XX, puisque la publication se fera a priori après la sortie du tome 6 du Trône de Fer, donc dans un futur indéterminé (sacré GRRM !). D’ici là, je vais continuer à explorer Westeros grâce à The World of Ice and Fire (version originale de Game of Thrones : les Origines de la Saga) qui lui, mérite à mon sens plus le titre de GRRMarillion que F&B.

L’édition anglaise est somptueuse. Jaquette en couleur et en relief, papier assez épais qui rappelle le parchemin, et titre avec logo doré sur le dos, il ne manque qu’un signet pour que cela soit parfait. Et ce, pour le prix d’un grand format français standard à couverture souple… A noter qu’il y a une jaquette noire pour l’édition UK chez HarperVoyager (celle que j’ai) et rouge pour celle de Bantam aux USA.

Un (gros) mot concernant l’édition française, maintenant. L’éditeur Pygmalion, qui dit n’avoir pas eu le temps de tout traduire, a décidé de découper Fire and Blood en deux tomes. Le premier est sorti le 21/11/18, le lendemain de la sortie en anglais. Les illustrations, qui, elles, ne nécessitent pas de traduction, ont cependant disparu… pour des « questions de droits » ? Le second tome, toujours sans illustrations, est prévu pour mai 2019. Et enfin, une « intégrale » (sic) (des 2 tomes VF et correspondant donc au tome US), avec les illustrations cette fois, sortira en 2020 ! Je ne peux donc que conseiller aux lecteurs, qui n’aiment pas se faire tondre comme des moutons par cet éditeur coutumier du fait (15 tomes pour les 5 tomes V.O. de la saga principale), de se mettre à l’anglais, qui n’est ici pas compliqué du tout. D’autant qu’à l’heure où j’écris ces lignes, Fire and Blood coûte 23 euros, et le tome 1 de Feu et Sang en coûte 22. Le second risque de coûter autant, et il manquera donc toujours les illustrations, jusqu’à la sortie de « l’intégrale » (combien coûtera-t-elle ? Prenons les paris). Est-ce que j’en rajoute une couche avec le prix de la version électronique : 7.50 € pour F & B contre 15 € pour la première moitié de F et B ? Ou le fait que le tome 2 anglais subira sans doute le même traitement ? Vu le succès de la saga, une édition complète aurait été possible et mieux appréciée des lecteurs. Moi, en tout cas, je passe à la V.O.

D’autres avis : Book en stock (tome 1 VF) – NevertwhereLes Chroniques de Fey GirlAu Pays des Cave Trolls – …

Ce livre sera adapté en série TV qui portera le nom de House of the Dragon.

33 commentaires

  1. Je ne suis pas sure de le lire mais en tout cas très belle chronique. Il faudrait qu’un jour je me remotive pour finir les livres bien que j’ai le temps, vu qu’ils sont toujours pas terminé.
    Par contre l’édition française franchement sur ce coup là c’est tout pourri.

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  2. Ça a l’air d’être un beau pavé. Je me rappelle lorsque j’avais acheté « Le Fléau » de Stephen King, qui comptait déjà près de 500 pages… Je lisais tous les soirs jusqu’à ce que mes yeux n’en puissent plus… Mais aujourd’hui, j’ai perdu la passion des livres…

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  3. Bien belle chronique et coup de gueule justifié. Je me rappelle la sortie des romans qui passent d’un coup au grand format en plein milieu de la saga… Et on te dit que le poche arrive dans longtemps pour que tu l’achètes, au final non, bref l’un dans l’autre j’ai plus rien lu depuis danse avec les dragons. J’aime pas cet éditeur :’)

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    • Merci ! J’ai eu la « chance » de découvrir la saga du TdF assez tard, avec la série télé en fait, je suis donc passé directement aux intégrales poche de J’ai lu. Mais la façon de faire de Pygmalion est révoltante.

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  4. J’aime bien ce genre d’écriture, une enquête à partir de texte ancien. Merci pour la présentation. Je crois que j’attendrais la sortie en poche, vu que je n’ai lu que l’intégrale 1 du trône de fer 😉

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  5. C’est à se demander comment Pygmalion arrive à trouver encore des acheteurs, on dirait une expérience sociologique de « jusqu’où on peux aller ? »
    Quant au contenu, même si je suis à jour de la saga principale, je crois que je suis fatigué du trône de fer, je regarderai la série télé mais ça va suffire

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    • Ils tentent tout, et le pire c’est que ça marche, j’imagine ! Tant que la série cartonne, ils font leur beurre. Si tu n’accroches pas plus que ça au TdF, tu peux passer outre, en effet.

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  6. Merci pour ta chronique ! Je l’attendais avec impatience celui-ci, mais, comme tu l’expliques très bien, j’en ai un peu marre de me faire tondre par Pygmalion qui n’a vraiment aucun respect pour les œuvres qu’ils traduisent ni pour les lecteurs. Ça me fait mal mais je vais donc attendre la sortie de l’intégrale en 2020 :s. Je suis d’autant plus frustrée que je viens de finir une nouvelle qui raconte justement le prélude à la danse des dragons (dans l’anthologie « Vauriens », parue aussi chez Pygmalion qui peut donc manifestement sortir un bouquin de 800 pages sans problème…) et que j’avais adoré le récit de cette période dans une autre nouvelle (« Les Noirs et les Verts »). Bref, je patiente mais je suis dégoutée ! 😉

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  7. Et Pygmalion remporte un nouveau point. La lutte est décidément acharnée en ce moment pour la palme de « Pire éditeur », 2019 s’annonce flamboyante !
    Bon, sinon j’ai toujours une Intégrale 5 qui m’attend, alors ça ne sera pas pour moi, pas assez « fan ». Mais ça semble être du bel ouvrage !

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  8. Acheté pour Monsieur et je ne me suis même pas posée la question, j’ai pris la VO en numérique. Je le lirais pour compléter ma culture, j’aime bien les chroniques historiques en général.

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  9. Je découvre l’histoire des illustrations absentes maintenant :(( Suite à un emprunt en bibliothèque et une mauvaise chute, me voilà propriétaire de l’édition coupée en 2 de Pygmalion. Heureusement que le texte est intéressant !

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