Le Livre des Martyrs, tome 2 : Les Portes de la Maison des Morts – Steven Erikson

Les portes de la maison des morts Le Livre des Martyrs, T2 - steven erikson

Amateurs de dark fantasy désespérée, sanglante et cynique, bienvenue au seuil des Portes de la Maison des Morts pour le second volume du Livre des Martyrs, une sacré brique de 900 pages qui m’a occupé plusieurs semaines !

Résumé

(source éditeur)

Sur le vaste continent de Sept-Cités, au coeur du Saint-Désert de Raraku, l’oracle Sha’ik rassemble son immense armée. Son objectif : déchaîner le Tourbillon, un soulèvement prophétisé depuis des siècles et qui deviendra l’un des conflits les plus sanglants que le monde ait jamais connus. Dans les mines d’Otataral, Félisine rêve de se venger de sa soeur Tavore, nouvelle Adjointe de l’Impératrice Laseen, qui l’a condamnée à l’esclavage. Pour parvenir à ses fins, la plus jeune fille de la Maison Paran devra s’associer à un ancien prêtre de Fener et à une brute mystérieuse. Pendant ce temps, deux Brûleurs de Ponts désormais hors-la-loi, le sapeur Violain et l’assassin Kalam, se sont promis de ramener la jeune Apsalar chez elle et d’éliminer l’Impératrice. A Hissar, Coltaine, l’énigmatique commandant de la 7e armée de Malaz, s’apprête à tenter l’impossible pour sauver la vie des dizaines de milliers de réfugiés jetés sur les routes par la rébellion. C’est à ce moment précis que deux vagabonds séculaires choisissent de revenir errer sur ces terres ravagées, Mappo le Trell et son compagnon Icarium de demi-sang Jaghut, porteurs d’un secret dévastateur caché au coeur des ténèbres et qui pourrait bien les engloutir tous.

Éditeur : Editions Leha – Traduction : Nicolas Merrien – Date de parution : 16/11/2018 – 893 pages

L’Auteur

(source éditeur)

Archéologue et anthropologue de formation, féru d’histoire, Steven Erikson s’est inspiré de ces univers et des grands récits de la mythologie à l’instar de l’Iliade pour sa série Malazan Book of the Fallen. Son œuvre, empreinte de grandes épopées et de mystères (nul ne peut prédire l’évolution de ses romans), est loin des clichés collant parfois à la fantasy. Il dépeint des personnages aux multiples facettes, alternant les bons comme les mauvais côtés, à l’image de l’être humain. Son œuvre, multi-primée, est considérée par beaucoup comme une des toutes meilleures sagas d’epic fantasy jamais écrites.

Né le 7 octobre 1959 à Toronto, au Canada, il a grandi à Winnipeg puis alterné son lieu de résidence entre son pays de naissance et l’Angleterre dont sa femme est originaire.

Mon avis

Après Les Jardins de la Lune, premier tome du cycle, j’avais acheté Les Portes de la Maison des Morts mais j’attendais le bon moment pour le lire, il faut dire que le volume de la bête dissuade un peu – et entre temps le troisième (encore plus gros !) est arrivé. J’ai donc profité de l’été pour rattraper un peu mon retard et me muscler les bras sur ma chaise longue.

Cette fois, direction un autre continent où les principaux protagonistes, certains des Brûleurs de Ponts du premier tome, sont en quête de vengeance et ne vont rien tenter de plus audacieux que d’assassiner l’Impératrice ! Bien sûr, leur tâche va être particulièrement compliquée par les aléas du voyage. Violain, Crokus et Aplasar vont ainsi emprunter contre leur gré des garennes (dimensions magiques) au comportement aléatoire, tandis que Kalam va se retrouver mêlé à une prophétie apocalyptique et entreprendre un voyage en bateau mouvementé.

Mais Erikson ne se contente pas de ces personnages, et de leurs accompagnateurs plus ou moins coopératifs. Il ajoute aussi l’histoire de Félisine, noble en disgrâce dont la sœur est Adjointe de l’Impératrice, et obligée de vendre son corps pour survivre tandis que son âme se noircit, et accompagnée d’un meurtrier et d’un prêtre renégat. Ou Duiker (mon préféré), un vieil homme, Historien Impérial chargé de consigner la longue fuite du Poing Coltaine face à une armée rebelle qui le dépasse en nombre, d’autant que le commandant et son armée dévouée protège des milliers de réfugiés. Et que dire des deux êtres humanoïdes Mappo et Icarium, vieux de plusieurs millénaires (voire plus), à la relation amicale teintée de méfiance, basée sur un lourd secret ?

Pléthore de personnages, donc, tous très attachants (enfin, presque), qui errent sur des terres dévastées par la guerre, dont l’auteur ne nous épargnera aucune atrocité. Une prophétesse qui meurt et qui renaît, ou pas, une guerre sainte baptisée Tourbillon et qui enflamme un continent, des batailles sanglantes jalonnant une retraite désespérée, des héros et des traîtres, une magie devenue folle, des monstres terrifiants, des dieux se mêlant du destin des mortels, bref une épopée « salement » épique qui n’épargne rien ni personne, avec des destins balayés par le récit, des personnages minuscules pris dans une trame qui les dépasse, simples nains au milieu de forces antiques qui les ignorent le plus souvent, nabots insignifiants qu’ils sont !

Une histoire qui n’est pas facile à suivre, et qu’il vaut mieux enchaîner sans pause, avec une multitude de personnages, de noms de lieux, de nombreuses choses ne sont pas explicitées et se comprennent plus tard (ou pas, dans ce tome en tout cas), bref Erikson, encore une fois, ne ménage pas non plus le lecteur, obligé de se débrouiller et c’est parfois déstabilisant. Mais on passera outre devant la puissance épique du récit, malgré les nombreux couacs en fin de tome : facilités scénaristiques, arrivées inopinées, confrontations parfois décevantes, morts glorieuses ou tragiques annulées deux pages plus loin, bref un gros bémol quand même sur ce tome qui me pousse – hélas – à m’interroger sur la poursuite du cycle. Le tome 3, que j’ai déjà, sera donc décisif !

Autres regrets, la lourdeur de la traduction, au moins dans les cent premières pages, avec des phrases qui sont parfois des calamités de lourdeur ! Heureusement cela s’améliore ensuite, avec « seulement » quelques scories ici ou là. Si on excepte le mot « Yep », utilisé un peu partout, et qui aurait sans doute gagné à être remplacé par un « Ouais » bien de chez nous ! On pourra aussi remarquer de notes de bas de pages… dans le texte, ou des oublis de ponctuation. Visiblement, l’ouvrage a manqué de relecture, dommage.

Un bilan globalement positif donc, mais pas complètement, pour ce second et épais volume d’un cycle que j’aimerais… aimer plus !

D’autres avis : ApophisAlbédoLe ChroniqueurL’Imaginaerum de SymphonieLa Taverne d’Onos – …

35 commentaires

  1. C’est marrant, dans le tome 3, j’ai eu l’impression inverse : les cent premières pages environ sont très propres, et ensuite ça se dégrade un peu (même si le tome 3 est beaucoup plus propre que le 2). Par contre, oui, dans le 3, il n’y a plus de « yep »… mais des « ouaip » qui sont presque aussi agaçants 😀

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  2. Peut-être veux tu trop aimer et que tes attentes ne sont pas complétement comblées. Dans l’ensemble, je suis d’accord avec toi, et j’ai vraiment beaucoup aimé cet univers riche et intense.

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  3. Même réaction que notre ami plantigrade : ça fait un moment que j’ai le tome 2 dans ma PAL mais j’ai un peu peur de me lancer et ce que tu en dis ne me rassure pas vraiment ^^

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  4. Bizarrement, la fin du livre m’a paru la meilleure partie. Le coup du coquillage, c’est sans doute pas très réaliste, mais ça doit être une des scènes les plus frappantes de la saga jusqu’ici (la palme d’or revenant bien sûr à la mort de mh-mh). Et la confrontation avec Laseen, alors qu’on avait cru que c’était une crétine inhumaine depuis le début, on apprend enfin que même ses motivations à elle sont pas toutes noires. Cela dit, moi aussi j’hésite pour le tome 3… Erikson veut trop faire dans l’horreur et le trachosse, et ça semble aller crescendo… Pas ce qui m’intéresse le plus en fantasy.

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    • C’est bien écrit mais je regrette que ce soit (partiellement) annulé quelques pages plus loin, ça perd totalement l’aspect dramatique de la chose. Après, le côté dark fantasy-horreur, moi j’aime bien, tant que ce n’est pas du gore complètement gratuit. Mais les deus ex machina, ça me gonfle, la palme étant aux diligences magiques^^

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  5. Oh là là j’ai vraiment une mémoire de poisson rouge ! je ne me souviens déjà plus de certains des trucs dont tu parles…
    En tout cas je te rejoins sur la trad, je l’ai trouvé lourde aussi.

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