
Sous une superbe couverture d’Aurélien Police se cache un roman précédé d’un concert de louanges, mais que vaut-il vraiment ?
Résumé
(source éditeur)
« Dans Une Cosmologie de monstres, Shaun Hamill allie brillamment les univers angoissants de H.P. Lovecraft avec l’histoire contemporaine d’une famille menacée de destruction par des forces surnaturelles. Il réussit son coup, parce que ces braves gens pourraient être nos voisins. L’horreur ne fonctionne que lorsque nous nous attachons aux personnes concernées ; nous nous attachons aux Turner, et leurs cauchemars deviennent les nôtres. La prose de Hamill est sobre, tout simplement belle. Voilà à quoi ressemblerait un roman d’horreur signé John Irving. J’ai adoré ce livre, et je pense qu’il vous plaira aussi. » Stephen King
La Famille Turner, de Vandergriff (Texas), se tient sur le seuil d’un monde terrifiant dominé par une cosmologie de monstres. Est-ce le leur ou est-ce le nôtre ?
Editeur : Albin Michel Imaginaire – Traduction : Benoît Domis – Date de parution : 02/10/2019 – 416 pages
L’Auteur
(source éditeur)
Shaun Hamill est américain. Une Cosmologie de monstres, appelé à devenir une ambitieuse série télévisée, est son premier roman.
Mon avis
Normalement, la mention de tentacules ou de Lovecraft me fait plutôt fuir que donner envie de lire ce qui l’accompagne. HPL est tellement galvaudé en ce moment qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’un tombereau de bouquins ne le mentionne, ce qui, au lieu de lui rendre hommage et d’attiser mon attention, me fait plutôt pester contre l’exploitation mercantile de l’auteur et la fainéantise des auteurs qui s’en réclament à tour de tentacule au lieu de le faire de façon plus subtile et de créer leur propre style (ils devraient suivre l’exemple de l’excellent Anders Fager).
Bref, Une Cosmologie de monstres coche toutes ces cases, et même plus puisqu’on y lit même des extraits de textes de Lovecraft et que les titres des parties du bouquin reprennent des noms de récits de HPL ! Pour autant, et malgré la couverture explicite, c’est plutôt vers le signataire de l’imposant et très voyant blurb, Stephen King, que le récit m’a semblé lorgner.
On y suit, sur plusieurs dizaines d’années, une petite famille américaine de condition modeste, dont le loisir vire à l’obsession : créer une « maison hantée », d’abord sous forme d’attraction pour Halloween, puis comme travail à plein temps. Mais cette famille est marquée par les drames : mort du père, disparition mystérieuse de la fille aînée, soucis psychologiques de la cadette et ami (plus ou moins imaginaire) du dernier rejeton. Des drames qui s’enchaînent avec une mère tantôt apathique tantôt colérique, et une proximité de la peur et de l’horreur qui s’immisce dans la vie de famille, jusqu’à un glissement trèèèès progressif vers un dénouement surprenant.
Car le roman est plutôt long à se mettre en place. En fait je me suis un peu ennuyé dans la première partie jusqu’à ce que le héros, Noah, soit plus présent (il l’était auparavant sous forme de narrateur distant, mais relatait la plupart du temps des événements datant d’avant sa naissance !). Et j’ai trouvé qu’il faisait plus penser à du King qu’à du Lovecraft. Certes, les mentions récurrentes citent HPL (pas toujours à son avantage, d’ailleurs), certes il y a quelques créatures occultes (mais pas de tentacules), et puis on commence à évoquer une Cité… mais pour autant, c’est bien la famille Turner qui est au centre du récit avec ses soucis du quotidien, les drames qui la marquent et ses membres, attachants, au parcours chaotique.
Et ne croyez pas que l’on verse dans l’horreur absolue ou le gore, c’est un peu sanglant par moments mais on est bien loin des (chairs à) canons du genre. Ce que j’ai surtout trouvé un peu décevant, ce sont les monstres, justement, pas vraiment effrayants, « indicibles » ou coûtant des points de santé mentale, contrairement à ce qu’on était en droit « d’espérer » vu l’abondance d’évocations lovecraftiennes. Tandis que certaines zones restent finalement floues et frustrantes. La seconde partie, et surtout la toute fin, rattrapent en partie l’ensemble et permettent de relativiser et de redécouvrir sous un autre angle (plus ou moins euclidien) certains éléments. C’est amené de façon plutôt astucieuse et on arrive, enfin, à plusieurs passages « satisfaisants ».
Accompagné de critiques très flatteuses, Une Cosmologie de Monstres s’est révélé pour moi une semi-déception qui cite abondamment Lovecraft, lorgne surtout du côté de King, et manque au final un peu de saveur, de peps, une sorte de Canada Dry au poulpe, quoi. Chez le même éditeur, et dans le même genre, American Elsewhere est nettement plus recommandable…
D’autres avis : Le Culte d’Apophis – L’Epaule d’Orion – Au Pays des Cave Trolls – Le Chien Critique – Un papillon dans la Lune – Les Pipelettes en parlent – Les Chroniques du Chroniqueur – Marque ta page – L’Imaginaerum de Symphonie – Albédo – L’Imaginarium Electrique – …
Perso, je pense que son principal défaut est de ne pas contenir de tentacules, mais bon. 😉
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Son principal sushi, tu veux dire ?
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Je suis comme toi, à force d’entendre parler de HPL sans arrêt depuis des années parce que c’est redevenu à la mode, je ne suis pas du tout attirée par son travail du coup je fuyais cette nouveauté de base et ton avis me conforte dans le bien fondé de mon intuition 🙂
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Visiblement, mon avis est minoritaire mais je le partage 😉
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Oui j’ai vu plusieurs excellentes chroniques mais l’aspect Lovecraft, y’a rien à faire, ça me rebute. Donc je partage ton avis par extension dirons nous 😛 Tu n’es pas seuuuul.
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(merci pour le lien)
Ton avis n’est pas si minoritaire que ça, en fait, car sur l’essentiel (ce n’est pas ce que l’on était en droit d’espérer / ça n’est un minimum indicible que sur la fin / American Elsewhere est meilleur) nous sommes d’accord, et Feyd est plus ou moins sur la même longueur d’onde 😉
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Un roman hélas plutôt décevant.
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J’ai été plus enthousiasmée que toi mais je comprends tes réserves 🙂 Je regrette aussi que les monstres soient aussi nettement dépeints : je m’attendais à quelque chose de plus vague et donc de plus effrayant. Par contre je l’ai nettement préféré à American Elsewhere !
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L’égout et les douleurs… 😉
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Pas très enthousiaste de base, je pense passer mon tour malgré la mention de Lovecraft. Pas envie d’un truc effrayant mais pas tant que ça en fait XD
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Pas vraiment effrayant et pas si lovecraftien que ça à mon avis.
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Je viens de tourner la dernière page (je m’etais gardé la chronique d’apophis sous le coude, ce qui m’a aussi mené ici…)
Et je partage ton avis (et le sien).
C’est pas mal écrit. On tourne les pages. On veut savoir. Mais ca manque de peps.
En fait, je crois que j’ai tourné pour enfin « savoir quoi ».
Je trouve qu’il reste trop flou, trop longtemps sur le « truc horrifique ».
(Pour au final me dire « ooh le vilain monstre, c’est un chien avec une cape?! 😂).
Je suis mitigée pour le moment parce que j’ai bien aimé ma lecture, mais il manque des choses. J’ai une impression de « pas abouti ». J’avais des esperances quant à la construction des maisons hantées… puis au final, ce n’est pas super exploité.
(Comme les disparitions ou drames. On tourne la page et voilà. C’est passé.)
Et je te rejoins rapport à American elsewhere. Je l’aivtrouvé meilleur.
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Spoiler : j’ai pensé tout le long au grand méchant loup avec la tenue de la Mère Grand, ça ne m’a pas aidé à avoir peur^^. Blague à part, je pense que l’aspect autres monstres/Cité est trop peu décrit pour qu’on soit réellement inquiété, c’est dommage.
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J’ai beaucoup aimé, c’est surprenant, poétique, pas ce qu’on attend, je comprends qu’on puisse passer à côté.
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J’avais peut-être d’autres attentes, en effet.
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Je l’ai reçu, je l’ai reçu!
Bon je reviens quand je l’ai terminé. 😉
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Bonne lecture !
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