Avis sur les six épisodes de la saison 3 de Black Mirror

Je continue mon rattrapage de la série Black Mirror avec la saison 3, la première à être diffusée directement sur Netflix.
Chute libre

On commence la saison par un épisode égratignant les réseaux sociaux, les Like et Coeurs à outrance. Dans un futur proche bien aseptisé et hypocrite, aux couleurs pastels bien neutres, chacun note les autres en permanence et essaie de faire monter sa propre cote. La jeune Lacie aimerait habiter un quartier résidentiel mais elle n’est pas assez bien notée, elle va donc se rapprocher d’une ancienne amie « influenceuse » pour essayer de capter une partie de son audience. Jusqu’à aller de mal en pis, se renier et redécouvrir une vie débarrassée de tous ces artifices ? Toute ressemblance avec réseaux sociaux, blogs, courses à l’audience et applications narcissiques n’est pas fortuite. Un épisode tragi-comique où excelle la belle Bryce Dallas Howard.
Phase d’essai

Un jeune homme un peu paumé, qui fait le tour du monde pour essayer de fuir un lourd passé familial (son père était atteint de la maladie d’Alzheimer, les relations avec sa mère sont tendues) se retrouve sans argent pour payer son billet d’avion de retour. Il accepte de se porter volontaire pour des tests concernant un futur jeu vidéo, pensant aussi aider sa petite amie journaliste à l’affût d’un scoop. Dans un complexe high-tech isolé, il va recevoir un implant lui faisant voir, avec un degré de réalisme inégalé, ses peurs les plus profondes. Une expérience qui va bien sûr tourner au cauchemar, tandis que ses craintes deviennent de plus en plus angoissantes. Ironie du sort, ce n’est pas dans les frayeurs les plus classiques (araignées, monstres…) que le drame se déroule mais bien dans ce qui touche à la réalité la plus concrète.
Tais-toi et danse

Sans doute l’épisode le plus marquant de cette saison. Un adolescent voit son ordinateur infecté par une application qui prend le contrôle de sa webcam et le filme dans des activités compromettantes. Victime d’un maître-chanteur anonyme qui menace de poster les vidéos inavouables à tous ses contacts, il accepte des missions qui vont l’entraîner dans une spirale sans retour. Livrer un gâteau à un homme d’affaire adultère, le « recruter » puis l’accompagner sur la route, jusqu’à commettre un braquage, puis pire encore… Un épisode éprouvant, qui montre des individus en plein désarroi, manipulés comme des marionnettes et recevant des SMS qui les stressent perpétuellement parce qu’ils se sont livrés à des activités moralement répréhensibles pour certains. La « punition » infligée par le ou les pirates en est-elle vraiment une ou juste un moyen de pression pour les acculer jusqu’à la folie et l’horreur ?
Avec l’excellent Jerome Flynn, le célébrissime Bronn de Game of Thrones.
San Junipero

Prenant le contre-pied total de l’épisode précédent, San Junipero est une histoire d’amour entre deux jeunes filles dans une boîte de nuit des années 80. Vraiment ? Bien sûr, on est dans Black Mirror et du coup l’épisode s’oriente vers la technologie quand on se rend compte que les personnages semblent craindre le minuit fatidique, à l’instar de Cendrillons modernes vivant dans un paradis éphémère. L’histoire mêle vieillissement, au-delà, dernières volontés et reste malgré tout complètement positif, ce qui est rare dans la série. Une bouffée d’espoir, de tolérance et d’amour, un peu triste et nostalgique par moments, mais avec un happy end inhabituel et salvateur.
Avec les actrices Mackenzie Davis (Seul sur Mars, Blade Runner 2049, Terminator : Dark Fate) et Gugu Mbatha-Raw (The Cloverfield Paradox, Jupiter : Le Destin de l’univers).
Tuer sans état d’âme

Des soldats pourchassent des « cafards », des ennemis monstrueux qui terrorisent un pays indéterminé. Doté d’implants évolués, les militaires traquent sans pitié ces nuisibles, jusqu’à ce qu’une jeune recrue soit victime d’un objet électronique qui détraque son implant. Il découvrira alors l’envers du décor… Une plongée dans une situation de guerre où l’adversaire est transformé en monstre de manière bien pratique, permettant ainsi à des soldats dociles de ne pas trop se poser de questions tandis que les populations qu’ils viennent « sauver » entretiennent bien l’illusion. Et une fin glaçante. A noter que certaines scènes filmées en réalité subjective m’ont fait penser à des séquences de jeux vidéos.
Haine virtuelle

Un long épisode pour marque la fin de la saison, celui-ci durant 89 minutes. Il commence comme une affaire de meurtres, induits par les réseaux sociaux où, sous couvert d’anonymat, les frontières sont abolies et les messages haineux abondent.Mais il parle aussi d’écologie, avec la destruction des abeilles et leur remplacement par des drones les imitant. Hélas, l’épisode est perclus de clichés, entre flic bougonne, jeune partenaire geek, inventeur dépassé par sa création, méchant gouvernement espionnant ses citoyens, espion demeuré, meurtrier surdoué… N’en jetez plus, si la dénonciation de la tyrannie des hashtags et de l’appel au lynchage est bien vue, le reste (miné de plus par une durée excessive) est trop caricatural pour convaincre.
Conclusion
Si elle comprend quelques faiblesses, cette saison 3 de Black Mirror reste d’un très haut niveau avec aussi des épisodes de haute volée, qui sont glaçants et nous interrogent sur notre usage de la technologie ainsi que sur celui des réseaux sociaux. A visionner sans modération !
Note
Fiche technique
Scénariste : Charlie Booker
Durée : 40 à 60 minutes par épisode, sauf pour le dernier
Première diffusion : 21 octobre 2016 sur Netflix
Bande-annonce
Cliquez pour retrouver les critiques des autres saisons de Black Mirror :
Je garde beaucoup de souvenirs de Chute libre et de San Junipero (c’était chouette d’avoir une histoire positive pour une fois ^^)
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Hé hé, ce n’est pas souvent le cas dans cette série^^
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