La Piste des Cendres – Emmanuel Chastellière

LA PISTE DES CENDRES EMMANUEL CHASTELLIERE

Emmanuel Chastellière est à l’honneur ce mois-ci chez Bookenstock, c’était donc l’occasion de découvrir son nouveau roman, La Piste des Cendres, dans l’univers de l’Empire du Léopard.

Résumé

(source éditeur)

« Telle était la seule chose en laquelle il pouvait avoir encore confiance : le chant du métal et de la poudre. »
1896, Nouveau-Coronado.
Fils illégitime d’un influent propriétaire terrien, Azel fuit son destin, ballotté entre des origines indigènes qu’il renie et une famille qui ne l’accepte pas. Il a préféré rejoindre les montagnes, où il se contente de jouer les chasseurs de primes.
Pourtant, loin des hauts plateaux, la menace d’une guerre se profile dans la péninsule : le Nord, véritable grenier à blé, estime être exploité par le Sud, plus industriel, qui dispose d’un accès à l’océan grâce au port de Carthagène.
Lorsque Azel accepte à contrecœur d’accompagner un convoi d’indigènes décidés à quitter leurs anciennes terres pour le Grand Exil, le jeune homme est loin d’imaginer qu’il va lui-même se retrouver entraîné dans cette guerre civile… et tout ce qu’elle risque fort de réveiller.

Éditeur : Editions Critic – Date de parution : 20/02/2020 – 616 pages

L’Auteur

(source éditeur)

Cofondateur du site de référence dédié à la fantasy Elbakin.net, traducteur littéraire et chroniqueur passionné, Emmanuel Chastellière est depuis lors passé de l’autre côté de la barrière. Ses histoires ont été remarqués par les plus grands prix du genre (Grand Prix de l’Imaginaire, Prix des Imaginales, Prix des Futuriales).

Mon avis

Commençons par préciser que, si La Piste des Cendres se déroule dans le même univers que l’Empire du Léopard, il n’en est pas la suite. Directe, en tout cas, car même si l’action se déroule 25 ans après les événements du précédent roman, les liens et les allusions sont relativement nombreux et je ne peux que conseiller de lire l’Empire avant celui-ci.

On retrouve donc la péninsule du Nouveau Coronado, cette fois balayée par un vent de révolte. Le Nord, soutenu par une puissance étrangère, se rebelle contre le Sud colonisateur et qui concentre le pouvoir. Après le meurtre du Vice-Roi, c’est Artémis Cortellan, auparavant mis à l’écart sur un îlot (tel Napoléon à Sainte-Hélène ?), qui est sorti de son exil forcé et mis à la tête de l’armée pour contrer la rébellion et notamment son chef, le mystérieux Loup-Gris. On retrouve l’inspiration sud-américaine et sa colonisation par l’Espagne dans cet univers mais j’ai également pensé aux plaines du Far West américain et aux peuples indiens opprimés.

Le héros du roman, Azel, est un jeune métis. Auparavant brimé et sérieusement maltraité par ses deux demi-frères qui n’acceptaient pas sa part indigène, il est maintenant chasseur de primes et traque sans remords ses proies. Lorsque sa jeune et jolie belle-mère, Ombelline, vient le solliciter pour escorter un convoi d’indigènes en route vers un pays (imaginaire ?) plus propice à leur condition, il n’accepte que parce qu’il est sous le charme de la belle. Alors que je craignais un peu que les errements amoureux des deux personnages, attirés l’un vers l’autre mais bien sûr séparés par le devoir et la fidélité, ne nous orientent vers une bluette sentimentale, Emmanuel Chastellière fait (heureusement, enfin, façon de parler) le nécessaire pour surprendre le lecteur et mener l’histoire dans une autre direction. Ce n’est que la première des nombreuses surprises que nous réserve l’auteur car il prend un malin plaisir à brouiller les pistes (de cendre, donc) pour intégrer des éléments classiques du récit d’aventure puis les écarter et orienter son histoire dans une direction inattendue qui surprend et empêche l’anticipation. Un exemple parmi d’autres : un petit jeu sur la trame temporelle que je n’avais pas vu venir et qui est fort bien trouvé.

Au chapitre des regrets, sur la forme, quelques fautes d’orthographe mais surtout quelques passages abrupts que j’ai dû relire attentivement, je suis encore persuadé qu’il manque des mots voire des phrases entières par endroit (ex: la scène de l’observatoire). Rien de bien grave, mais cela casse l’immersion. Sur le fond, le livre tarde un peu à démarrer pour arriver à sa trame principale (bien moins que l’Empire, ceci dit !). Et j’ai finalement trouvé Azel un peu palot, surtout dans la deuxième partie de l’ouvrage où il se fait voler la vedette par deux autres protagonistes dont la jeune Zuhaitza, croisée en chemin, sans doute le personnage que j’ai préféré. Et bien sûr Cortellan, le roi du complot, au parcours tragi-comique car tous ses plans finement élaborés finissent par se retourner contre lui. Le loup apprivoisé d’Azel, lui, passe quasiment à la trappe et ne sert finalement que de gimmick. Quant à la magie des fées, omniprésente dans les premiers chapitres (et primordiale dans l’Empire), elle disparaît complètement du récit en cours de route, mais dans ce cas pourquoi lui avoir donné un tel poids au début ?

Récit d’aventures, récit de guerre aussi (même si les batailles sont loin d’être aussi spectaculaires que celles de l’Empire), La Piste de Cendres intègre de nombreux thèmes dont bien sûr la colonisation, la mixité des cultures et l’intégration plutôt forcée des peuples, l’exploitation des richesses locales, la lourde tutelle du pays d’origine (dont la reine névrotique arrive en cours de récit pour reprendre les choses en main), la religion et les croyances plus païennes, la désillusion quant à une terre promise qui ne les tient pas, ses promesses… Les sujets ne manquent pas et sont abordés sans lourdeurs ni manichéisme.

Si je n’ai pas été complètement séduit par le récit, La Piste de Cendres constitue néanmoins une lecture très recommandable, poursuivant l’aventure commencée avec l’Empire du Léopard et explorant d’autres facettes de cette contrée sauvage et originale.

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26 commentaires

  1. Bonjour !

    Pour répondre à la question sur la magie, c’est bien simple – et c’est indiqué par la suite dans un certain chapitre vers la fin – je ne vais pas spoiler ici – mais ça n’en est pas, tout simplement. ^^ Donc elle ne risquait pas de prendre de l’importance. 😉

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  2. Merci pour le lien 🙂
    Je suis rassurée de ne pas être la seule à avoir eu une lecture un peu mitigée et à trouver l’Empire au-dessus. Ça reste un bon roman hein, mais tout le monde était tellement emballé que j’en venais à me demander ce qui clochait chez moi xD

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