
Après le somptueux Appel de Cthulhu illustré, François Baranger, le très bon auteur de Dominium Mundi (qui vient de sortir Tepuy ces jours-ci), nous régale les yeux avec ses talents d’illustrateurs en s’attaquant cette fois à un autre récit mythique (uh, uh) de Lovecraft, les célèbres Montagnes Hallucinées. Je préfère le titre anglais qui se traduit littéralement par Montagnes de la Folie, voire la traduction qui les nomme Montagnes de la Démence, mais peu importe, voici un premier tome de splendides peintures pour s’immerger dans les étendues glacées du Pôle Sud. Un fort bel ouvrage justement récompensé par un tout récent Prix Imaginales 2020 catégorie Illustrations.
Résumé
(source éditeur)
« Corona Mundi… Toit du Monde… »
Toutes sortes de formules fantastiques nous vinrent aux lèvres tandis que nous contemplions, depuis notre point d’observation vertigineux, l’incroyable spectacle.
Arkham, 1933. Le professeur Dyer, éminent géologue, apprend qu’une expédition scientifique partira bientôt pour l’Antarctique avec pour ambition de suivre les traces de celle qu’il avait lui-même dirigée en 1931. Dans l’espoir de dissuader cette tentative, Dyer décide de faire un récit complet des tragiques événements auxquels il survécut, cette fois sans omettre les passages qu’il avait écartés à son retour, de peur d’être pris pour un fou.
Deux ans plus tôt, les navires affrétés par l’université Miskatonic avaient accosté le continent glacé au début de l’été austral, et le contingent de quatre professeurs et seize étudiants s’était mis aussitôt au travail. Les premiers résultats ne s’étaient pas fait attendre et le biologiste de l’expédition, le professeur Lake, était parti de son côté avec plusieurs membres de l’équipe afin de suivre une piste fossilifère prometteuse. Au bout de quelques jours à peine, il avait annoncé par radio avoir découvert de stupéfiants spécimens d’une espèce inconnue, extraordinairement ancienne, avant de cesser toute communication après une terrible tempête. Pressentant le pire, Dyer s’était porté à leur secours le jour suivant. Ce qu’il avait découvert sur place dépassait ses craintes les plus folles…
Paysages déserts glacés, créatures innommables vieilles de plusieurs millions d’années découvertes dans un état de conservation anormal, étranges structures géométriques au sommet de montagnes noires, plus hautes que l’Everest… Cette nouvelle de Lovecraft a inspiré des générations d’auteurs et de réalisateurs, de John Carpenter, lorsqu’il réalise The Thing, à Guillermo del Toro qui rêve de la porter à l’écran.
Fasciné depuis toujours par l’univers de H.P. Lovecraft, François Baranger, illustrateur reconnu dans le monde pour ses talents de concept artist pour le cinéma et le jeu vidéo, s’est attelé à la tâche « cyclopéenne » de mettre en images ses principaux récits.
Editeur : Bragelonne – Traduction : Arnaud Demaegd – Date de parution : 16/10/2019 – 64 pages
Les Auteurs
(source éditeur)
Howard Phillips Lovecraft est sans nul doute l’auteur fantastique le plus influent du XXe siècle. Son imaginaire unique et terrifiant n’a cessé d’inspirer des générations d’écrivains, de cinéastes, d’artistes ou de créateurs d’univers de jeux, de Neil Gaiman à Michel Houellebecq en passant par Metallica. Le mythe de Cthulhu est au coeur de cette oeuvre.
Né en 1970, François Baranger est un artiste aux multiples talents. Illustrateur pour le cinéma (Harry Potter, Le Choc des Titans), réalisateur de courts-métrages d’animation, il est aussi concept artist dans le domaine du jeu vidéo. On lui doit de nombreuses couvertures de romans et une série de BD chez Albin Michel.
Mon avis
Puisque je suis dans un cycle Lovecraft, c’est l’occasion de critiquer enfin ce splendide volume que j’ai bien sûr déjà feuilleté (comment résister ?), mais aussi de relire le texte originel. Se basant sur les expéditions en Antarctique, Lovecraft imagine un groupe les ayant précédés et ayant bien sûr découvert des choses inavouables qui ne sont pas bonnes pour la santé, mentale notamment. Le narrateur est cette fois un géologue, membre d’une équipe pluridisciplinaire de la prestigieuse (et néanmoins fictive) Université de Miskatonic, partie explorer les terres lointaines et glacées à bord de deux navires portant des avions. La découverte de fossiles, puis d’une caverne contenant des corps de créatures étranges va entraîner l’expédition vers des sommets difficilement accessibles, et ils vont découvrir ce qui ressemble à une immense cité en ruines. Encore plus étonnant, la datation des traces, vestiges et autres ruines indique une antériorité à toute vie terrestre !
Fidèle à lui-même, Lovecraft use et abuse de circonvolutions pour ne pas nommer l’innommable (sic) et annoncer les problèmes bien en amont (et bien sûr, personne ne les voit venir). Les passages sur la découverte de la caverne, les dissections qui suivent et le destin des chercheurs du camp sont particulièrement saisissants (et le film The Thing ne s’est pas privé de s’en inspirer). Ce premier tome (sur deux) s’arrête à la découverte de la cité, et l’on frémit d’avance, de froid et d’anticipation, à la suite. A noter aussi les nombreuses références émaillant le texte, que ce soit à d’autres auteurs (E.A. Poe, C.A. Smith) ou aux propres œuvres de H.P.L. lui-même (par exemple les Anciens, les Shoggoth, le Necronomicon et bien sûr Miskatonic) contribuant ainsi à l’émergence d’un futur Mythe…
Les illustrations de François Baranger sont, comme à son habitude, somptueuses, certaines semblent même être des photographies tellement elles semblent réalistes. J’en ai mis quelques unes ci-dessous (sans spoilers bien sûr), les paysages, autant que les personnages et les créatures, sont très réussis. Le grand format du livre (27 x 35,7 cm) permet d’en profiter, et je ne saurais trop recommander l’instagram de l’auteur et la page Facebook dédiée.




Le seul petit bémol concernant ce premier tome des Montagnes Hallucinées illustré est qu’il ne comprend « que » 64 pages et qu’on a envie de continuer le voyage ! La suite est parue en octobre 2020 et voici le lien vers mon avis.
D’autres avis
Yuyine – Marque Ta Page – Constellations – La Taverne d’Onos – …
Il est vrai que ces illustrations ont l’air superbes!
Pour info, il existe un hors-série de l’Écran fantastique qui est consacré pour moitié à Star Trek et pour moitié à Lovecraft, avec, entre autres, interview de François Baranger et historique du projet d’adaptation de ce texte par del Toro. Le site semble indiquer qu’il est toujours en vente.
De mon côté, je ne m’en souviens pas dans les détails, mais je l’avais trouvé très bien foutu.
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C’est plus que superbe, c’est sublime ! Merci pour l’info sur le magazine 😉
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Les illustrations faites par Baranger sont tellement belles ! Il faudra que je l’achète un jour celui-ci.
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Ah, oui, Baranger est très doué !
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