Bifrost 100 : Thomas Day

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La revue Bifrost fête son numéro 100 (déjà !) en mettant à l’honneur un de ses piliers, Thomas Day qui oeuvre pour elle (et pour la SF en général) depuis ses débuts.

Edito

100 numéros et 25 ans ! Déjà ? Bon, ok, je n’ai pas connu Bifrost à ses débuts puisque je n’ai fait mon « retour » en lectures SFFF qu’en 2010 mais finalement, quelle autre revue est aussi incontournable que Bifrost pour les amateurs ? Olivier Girard revient sur cette aventure dans son édito, forcément nostalgique, mais aussi fier du chemin accompli et toujours aussi enthousiaste et passionné. Longue vie à Bifrost ! (et abonnez-vous si ce n’est déjà fait)

Les nouvelles

J’ai parlé de la première nouvelle de Thomas Day, La bête du loch Doine, dans mon dernier bilan mensuel du Projet Maki, je n’y reviendrai donc pas ici. Une autre nouvelle de l’auteur, très courte celle-ci, Décapiter est la seule manière de vaincre, figure également au sommaire et se déroule dans un Japon (pays qui fascine l’auteur) futuriste. En quelques pages, Day brosse un avenir gouverné par des méga-corporations, un internet évolué, mais toujours des combats de sabre ! Même si on peut en réchapper, au moins partiellement. Un sentiment un peu mitigé à la lecture car si l’univers est parfaitement brossé, cela va parfois trop vite et les évocations sexuelles n’apportent pas grand chose.

Circuits, de Rich Larson, se situe là aussi dans un futur mais bien différent. Nous faisons connaissance avec une I.A. qui veille au confort d’un train circulant sans fin (je n’ai pas pu m’empêcher de songer au Transperceneige). On découvrira rapidement un futur inquiétant, un de plus, avec une tonalité postapo, et l’acharnement de cette I.A. à évoluer, découvrir, s’émanciper. C’est parfaitement réussi et bien plus convaincant que Rentrer par tes propres moyens. A noter que cette nouvelle est également extraite de La Fabrique des Lendemains, recueil paru au Bélial.

Des millénaires de silence nous attendent, de Catherine Dufour. Une femme qui change, grandit, se masculinise sans explication, au grand dam de ses collègues de travail et de sa famille. Une vieille dame qui se prépare à se faire euthanasier, dépité par le peu de considération de ses enfants, maintenant adultes et assez pressés de mettre la main sur son héritage. Deux êtres désabusés et perdus qui vont se croiser. Je n’ai pas été bouleversé mais j’ai trouvé ce texte à la fois triste, cynique et même positif, malgré un style qui m’a parfois laissé dubitatif.

Le dossier

Énorme dossier consacré à Thomas Day, donc, indissociable de son alter ego Gilles Dumay (et réciproquement). Le parcours de l’auteur y est longuement évoqué, forcément, au travers d’une très longue et passionnante interview de plus de 30 pages menée par son frère d’armes Olivier Girard, ze big boss of ze Bélial himself.

C’est assez punk rock, souvent chaotique, un peu flou pour certaines époques, sans doute à cause de l’alcool et de substances prohibées, plein de photos compromettantes mais très attachant et on/je mesure encore plus la place et l’influence de Gilles Thomas D(um)ay dans la SFFF francophone. Auteur parfois clivant, souvent provocateur, extrême et outrancier, fasciné par la violence, atypique et protéiforme, la liste des adjectifs serait longue et il parait aussi impossible que vain de tenter de résumer le bonhomme qui se livre ici sans artifices. Le mieux est encore de le lire, et je suis loin d’en avoir fini avec lui, le Guide de Lecture m’ayant donné quelques idées de plus que celles que j’avais déjà en tête. En espérant qu’il puisse se remettre à l’écriture, avec les nombreuses pistes ou cycles qu’il évoque mais n’a pas le temps de développer. Alain Sprauel, lui, a fait de son mieux pour traquer le moindre récit et établir une bibliographie la plus complète possible, un véritable exploit dont on ne peut que le féliciter (une fois de plus).

Et bien sûr il y a l’éditeur, dont je/on connait surtout les collections Lunes d’Encre chez Denoël (un gage de qualité tant les mauvais livres, ou même tout simplement les moyens, y sont rares) et récemment Albin Michel Imaginaire (qui s’est taillée en peu de temps une sacré place dans notre petit milieu). Un métier exigeant et prenant, fait avec passion et conviction, j’apprécie particulièrement le fait que Gilles n’y manie pas la langue de bois et ait un regard qui me semble lucide sur les contraintes du métier, les réussites et les échecs.

A titre plus personnel, j’ai deux souvenirs du personnage. Le premier aux Utopiales de 2016, où étaient fêtés les 20 ans du Bélial. Si j’ai discuté avec Olivier Girard et Erwann Perchoc, je n’ai pas osé aborder Gilles. Le second aux Rencontres de l’Imaginaire de Sèvres en 2019 où là, j’ai pu parler avec lui, de ses deux facettes d’auteur et d’éditeur. Un petit entretien à bâtons rompus très sympathique, je viens d’ailleurs d’acquérir (enfin !) Le Trône d’Ébène dont on avait parlé. Et puis il y eut la réception surprise d’ [anatèm], que je crains toujours de commencer mais que je me suis bien promis de lire !

Les rubriques

Bien qu’il soit à l’honneur, Thomas Day a quand même dû bosser (ils sont vaches les béliaux !) pour ce numéro (outre les deux nouvelles qu’il y signe !) avec son caustique Coin des revues (et fanzines), toujours aussi acide, et tendance sulfurique plutôt que chlorhydrique. Il nous y gratifie d’un « ça reste mauvais, mais c’est presque bon » d’anthologie et en profite pour se fâcher avec la moitié des auteurs francophones (enfin, celle qui n’était pas déjà fâchée avec lui) ! En ces temps de pénurie de PQ, il est réconfortant que savoir que TD n’en manque visiblement pas…

Paroles de… donne cette fois la parole (bah oui) à Nicolas Martin, le célébrissime journaliste animateur de la célébrissime émission radio La Méthode Scientifique qui met à l’honneur la science (bah oui) mais aussi, et souvent, la SF, et ça c’est bien aussi. Sans doute mon podcast préféré.

Scientifiction nous emmène cette fois encore dans les étoiles, grâce à l’antimatière comme source de propulsion. C’est pas gagné, hein, peut-être qu’on ira plus vite en pédalant !

Les rubriques habituelles complètent le sommaire, avec un gros cahier critique à compléter avec un bonus par ici. Et les abonnés peuvent voter pour le Prix des Lecteurs 2020. Votez (ou abonnez-vous !)

Bonus

En voulant compléter (partiellement) ma collection de Bifrost, j’ai fait des bêtises et j’ai donc deux numéros en double. Je vous les propose donc, il suffit de me dire en commentaire lequel vous souhaitez (un par personne maxi, tirage au sort par mes soins, France uniquement, et il faut que je vous connaisse un minimum – ici ou sur les rézosocios). Il s’agit des numéros 79 (Yves et Ada Rémy) et 81 (Pierre Pelot). Les exemplaires sont neufs et seront postés dès que coronapossible !

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21 commentaires sur “Bifrost 100 : Thomas Day

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  1. Ah ! ma collection perso de Bifrost remonte jusqu’au n°83. Je suis donc intéressé par le n°81, qui me permettrai de compléter la liste (j’essaie de racheter des anciens numéros de temps à autre mais le budget livres est de plus en plus tendu).

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  2. Merci pour les retours. Je n’ai pas trop aimé le monsieur dans Dragon et en interview, donc je n’irai pas lire un Bifrost qui lui est dédié, mais il a l’air d’une grande lucidité sur le métier d’éditeur, en effet.

    Aimé par 1 personne

  3. Moi aussi la nouvelle Décapiter.. m’a laissé un sentiment mitigé.
    C’est vrai que le dossier contient son lot de photos compromettantes plusieurs m’ont bien fait marrer.
    De mon côté j’ai tous les numéro depuis le 53ème ^^ (mais n’ai nulle intention d’acquérir les 47 premiers).

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