Les Villes Nomades est une grosse intégrale parue chez Mnémos, sous la forme d’un épais livre de belle facture, ce qui m’a permis de découvrir James Blish, un auteur que je n’avais encore jamais lu.
Mon avis
L’intégrale des Villes Nomades comprend les quatre récits du cycle : Aux Hommes les Etoiles, Les Villes Nomades, La Terre est une Idée et Un Coup de Cymbales, présentés ici dans l’ordre chronologique de cette histoire du futur et non dans l’ordre d’écriture. Le tout fait un peu moins de 700 pages, typique des courts romans de l’époque (1952-1962) avant que les traitements de texte n’ouvrent les vannes aux romans souvent trop bavards (oui, je milite encore pour le S4F3 !). Pour autant, le texte est assez dense, avec une tendance à la « proto-hard science » qui est maintenant largement désuète. Heureusement, la forme fait passer certains moments où le fond s’enlise dans des explications scientifiques qui, plus de cinquante ans plus tard, peuvent faire sourire ou agacer – selon l’humeur du lecteur.
Ainsi Aux Hommes les Etoiles est parfois confus dans ses explications de la mise en place d’un immense « Pont » sur Jupiter, qui semble un sujet de tests en vue d’un but plus lointain encore. Dans le même temps, un sénateur américain travaille avec une société pharmaceutique (une firme nommé Pfitzner, ça rappelle quelque chose, surtout en ce moment…) à développer un « anti-agathique ». Qu’est-ce donc ? Tout « simplement » un médicament contre la mort ! Il s’agit, en prenant sa dose de comprimés, de prévenir le vieillissement et de rendre ainsi l’espèce humaine immortelle ! Le but étant, non pas de vivre indéfiniment sur Terre, mais de partir à l’assaut des étoiles, et de répondre ainsi à la question de la durée du voyage pour les passagers.
Pas d’hibernation ou d’hyper-espace, mais des habitants immortels pour supporter le voyage. Je parle bien d’habitants puisque le fameux « Pont » sur Jupiter aura servi à mettre au point un moyen de propulsion, au nom cocasse de « gyro-vortex », afin de faire décoller les villes terriennes, enfin surtout les américaines. A l’époque de l’écriture, la Guerre Froide bat son plein, McCarthy n’est pas loin et les USA s’orientent vers un système politique n’ayant rien à envier à celui des soviétiques. Seule solution : la fuite vers l’espace, rendue possible par la combinaison du moyen de propulsion et celui de garder le voyageur en vie pendant le trajet.
Point de vaisseau spatial ou générationnel ici, ce sont des villes entières qui décollent, et l’action va surtout se focaliser sur celle de New York, dont le maire tout-puissant fait aussi office de pilote, chef des armées et ambassadeur ! S’il est aidé par des Intelligences Artificielles au doux nom de « Pères de Toutes Choses », il lui suffit de les débrancher via un interrupteur quand il ne veut pas tenir compte de leur avis ou ne pas les informer de ses actions, pratique ! La règle à calcul est par ailleurs toujours d’actualité, tout comme le téléphone (à fil), James Blish étant comme de nombreux écrivains de SF, assez incapable parfois d’anticiper des avancées futures qui semblent rétrospectivement évidentes.
Après la mise en place des deux premiers tomes se dérouleront moultes aventures plus ou moins (surtout moins, d’ailleurs) convaincantes, car les villes ne vont pas dans l’espace en exploration mais chercher du travail ! Une diaspora, parfois poursuivie par la police, qui se livre une concurrence interne et finira par découvrir la fin de l’univers… jusqu’au suivant ?
Autant ne pas le nier, ces récits m’ont parfois semblé bien longs, mais il faut dire que le style est souvent daté et que je ne suis pas très fan des récits à tendance pulp. Alors quand ils sont mêlés à de la hard-SF obsolète, comment dire… Et Blish n’hésite pas à coller des murs de texte et des monologues interminables souvent très pénibles. Pour autant, les quatre romans peuvent plaire, et ont au moins un intérêt à titre de curiosité, d’autant que Blish est un auteur peu connu. On saluera donc la volonté de Mnémos de présenter ces récits et ce patrimoine science-fictionnesque dans un bel écrin : couverture rigide, papier épais, signet, préface (à lire ensuite, comme d’habitude)… un bel ouvrage de plus dans la collection des Intégrales de ces éditions.
Résumé
(source éditeur)
Par l’ampleur de la vision comme par la richesse des détails, cette oeuvre s’inscrit aux côtés des plus grandes réussites de la science-fiction telles que le cycle de Fondation d’Asimov ou Histoire du futur de Heinlein. Avec un sens profond de l’histoire, de ses révolutions comme de ses tumultes, James Blish peint une vaste et fascinante fresque des sociétés humaines confrontées aux défis du temps et du cosmos.
À l’aube de l’an 2000, un mystérieux Pont se construit dans l’atmosphère tourbillonnante de Jupiter. Ce projet démentiel est le prélude aux deux découvertes majeures qui vont déterminer l’avenir de l’humanité et la propulser vers les étoiles : l’antigravité et les anti-agathiques — des médicaments qui prolongent la vie — permettent aux villes occidentales de quitter la Terre sclérosée dominée par un système totalitaire.
Bientôt, des cités entières partent pour l’espace avec l’espoir de trouver du travail hors du Système solaire. Les villes nomades sillonnent alors les galaxies avec, à leur bord, une population qui remet son destin entre les mains de son maire. C’est lui qui saura guider ces travailleurs itinérants vers une planète capable de leur proposer un job dans leurs cordes !
Au fur et à mesure que se développe ce cycle visionnaire, l’univers s’étend : des amas de villes ont constitué une jungle de cités spatiales ; d’autres se sont tournées vers la piraterie et sont devenues des écumeuses… et parmi elles, New York affronte les dangers de l’espace, guidée par John Amalfi, son maire âgé de plusieurs siècles. Mais jusqu’où faudra-t-il naviguer pour trouver du travail ?…
Editeur : Mnémos – Traduction : Michel Chrestien, Michel Deutsch, révision par Patrick Mallet – Date de parution : 09/2020 – 688 pages
L’Auteur
(source éditeur)
James Blish est l’un des auteurs majeurs de la science-fiction. Passionné par les questions sociales et la rigueur de la science, membre des fameux Futurians, le groupe informel qui réunit des écrivains de SF critiques de la société de consommation américaine comme Isaac Asimov, Damon Knight, Cyril M. Kornbluth, Judith Merril, Frederik Pohl et bien d’autres encore, il reçut le prix Hugo en 1959 pour Un cas de conscience.
On va dire que j’ai été un poil moins aimable dans ma critique pour Bifrost 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Ah ah, je me demandais bien ce que tu avais pu en penser 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Par contre, du même auteur, je te conseille Semailles humaines (surtout) ou Un cas de conscience 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Je ne connais pas du tout cet auteur, mais envoyer des villes entières dans l’espace, ça me laisse perplexe ^^ Bref, je passe mon tour au moins pour cette intégrale.
J’aimeJ’aime
Ah, c’est un concept^^
J’aimeJ’aime
Bon, ok. On va dire que c’est patrimonial alors. Je ne vais pas me jeter dessus.
J’aimeJ’aime
C’est pour ta culture !
J’aimeJ’aime
C’est quoi le message « Fermeture du blog le 19 Août 2021 » ? Tu fermes ton blog ?
J’aimeJ’aime
C’est un message que j’ai mis il y a quelques semaines, tu es le premier à le voir donc tu gagnes un bon point.
Et oui, ce sera le 10ème anniversaire du blog, une bonne occasion pour le fermer.
J’aimeJ’aime
Mais…. mais… pourquoi ? La fatigue après 10 ans ?
J’aimeAimé par 2 personnes
Pas mal de choses qui se sont cumulées cette année et qui ont conduit à cette décision.
J’aimeJ’aime
Euh, quoi ? Non ! Je peux comprendre la fatigue et la lassitude, car je suis passé très près de l’idée de fermer moi aussi, mais franchement, ce serait une grosse perte pour la blogosphère ! Pourquoi ne pas faire une pause, ou diminuer la fréquence de parution ?
J’aimeJ’aime
En fait, depuis que j’ai mis ce compte à rebours il y a environ un moins, je suis déjà « techniquement » en pause car j’ai une grosse panne de lecture. Le délai restant, plutôt long, me permettra de solder quelques trucs avant d’arrêter.
J’aimeAimé par 1 personne
Je salue donc la volonté de Mnémos de présenter ces récits et ce patrimoine science-fictionnesque. Mais je passe mon tour, entre le pulp et la hard-SF, il n’y a bien que le caractère court des romans qui est tentant. ^^’
J’aimeJ’aime
Et parfois, court c’est long 😉
J’aimeAimé par 1 personne
J’avais un bon souvenir de ces villes nomades mais c’était le siècle dernier. Et je crois que je vais rester sur mes souvenirs…
J’aimeJ’aime
Des fois, il vaut mieux^^
J’aimeJ’aime