Le Livre des Martyrs, tome 5 : Les Marées de Minuit – Steven Erikson

Le Livre des Martyrs, tome 5 : Les Marées de Minuit – Steven Erikson

Après quelques mois sans me plonger dans le Livre des Martyrs, me voici de retour avec ce tome 5 intitulé Les Marées de Minuit. Celui-ci se déroule dans le passé par rapport aux autres opus, et peut se lire indépendamment des autres.

Mon avis

Revenant dans un passé à date indéfinie clairement de son univers, Steven Erikson nous propose un tome d’interlude dans sa fougueuse saga du Livre des Martyrs, bien avant Les Jardins de la Lune. Comme toujours, l’action se déplace sur plusieurs personnages principaux, dont les destins vont converger à la fin de ce volume, toujours sous la houlette d’un certain dieu maléfique…

On commence par un lointain et épique passé qui voit se dérouler une trahison entre alliés, sur fond de guerre et de dragons ! Puis, dans ce qui semble être un univers de poche où échouent certains personnages et où règne un dieu maudit et malade, le forgeron Aureste doit forger une épée de grand pouvoir qui aura un rôle important dans le reste de l’histoire.

En effet, quelques siècles (millénaires ?) plus tard, le Roi-Sorcier des Tistes Edur envoie une petite troupe dans un Nord glacial pour y trouver une épée enfouie et gardée par les habitants des lieux, des solipris (métamorphes) capables de se transformer en loup. Le personnage principal de cet arc est Trull, un soldat tiraillé entre la fidélité à son frère aîné, chef de guerre de la tribu, et l’agacement envers son cadet, encore inexpérimenté et irrespectueux, qu’il soupçonne de lorgner sur la fiancée de l’aîné. La quête de l’épée les changera à jamais et les propulsera, avec leur peuple, dans une guerre sanglante où Trull se demandera souvent s’il a fait le bon choix et se retrouve du bon côté. Ajoutons à cela un esclave manipulé par un spectre, la description d’une société mi-sauvage mi-féodale, des ambassadeurs venant chercher la paix au nom de l’empire de Lether… Cette partie est passionnante, avec la transition d’un peuple vivant tranquillement et s’alliant à des forces inouïes (dont des armées de spectres et de démons !) pour une conquête qui n’est pas forcément souhaitée par tous. Le personnage de Trull servant de boussole, entraîné malgré lui dans une course en avant par sa fidélité et son sens de l’honneur. Tout comme une des négociatrices, perturbée par les changements qui bouleverse ses repères et sa vie.

Non loin, l’empire de Lether est hégémoniste mais préfère conquérir par l’or et les richesses plutôt que par les armes. En son sien, plusieurs factions s’agitent. Le roi et la reine ont chacun leur concubin(e) et leurs gardes du corps, le magicien suprême semble bien incapable de prévenir les assauts des Tistes Edur qui arrivent alors que l’empire, sûr de sa suprématie, pense en finir rapidement par une campagne militaire de routine. Cette partie est aussi dominée par une fratrie, trois frères dont l’un est chez les « sauvages », tandis que l’autre est le garde du corps du roi et ami du grand mage. Celui-ci nous permet de pénétrer les arcanes (uh, uh) du pouvoir et d’avoir une vue de l’intérieur des lieux et personnages. Enfin, le dernier frère, Tehol, semble mener une vie miséreuse , ne pensant qu’à dormir sur le toit de la maison en fustigeant son domestique. Les échanges entre les deux personnages sont un des points forts du roman, on sent bien qu’il y a des choses non dites et que chacun porte un masque, mais tout se passe en apparence jusqu’à ce que le puzzle s’assemble peu à peu. Oh, il y a bien aussi une petite fille qui garde une ruine magique d’où essaient d’émerger des créatures, une voleuse morte-vivante, des transactions louches…

Au chapitre des bémols, comme je l’ai déjà constaté chez Erikson, de nouveaux personnages énigmatiques qui ont parfois tendance à prendre le dessus et dont on ne connaît pas l’origine (ici une troupe de guerriers surpuissants), quelques fils non résolus ou explicités à ce stade (les pouvoirs et la stratégie d’un fameux dieu, les créatures captives…). Espérons, une fois de plus, que tout cela s’explicitera dans quelques tomes et milliers de pages !

En résumé, Les Marées de Minuit met en jeu de multiples personnages réussis, des fratries déchirées, une guerre épique avec une magie surpuissante, des scènes intimistes de grande qualité (certaines tragiques, d’autres carrément désopilantes !). Bref, les amateurs du cycle ne seront pas dépaysés et se régaleront une fois de plus !

Résumé

(source éditeur)

Situé chronologiquement avant les Jardins de la Lune, Les Marées de Minuit étend l’univers tentaculaire de Steven Erikson en introduisant de nouveaux personnages hauts en couleur et en creusant les soubassements de l’intrigue exceptionnellement riche du Livre des Martyrs. Après des décennies de guerres intestines, les tribus des Tistes Edur se sont enfin unies sous la férule du Roi-Sorcier des Hiroths. La paix s’est établie, mais à quel prix : un pacte conclu avec un pouvoir secret aux motifs au mieux suspects, au pire meurtriers. Au sud, le royaume expansionniste de Lether, désireux d’accomplir l’antique prophétie qui le verrait renaître en tant qu’Empire, a asservi tous ses voisins moins civilisés que lui. Tous, sauf les Tistes Edur. Mais ce n’est qu’une question de temps avant qu’eux aussi ne tombent, qu’ils soient écrasés sous le poids étouffant de l’or ou passés au fil de l’épée. C’est du moins ce que la destinée a décrété. Pourtant, alors que les deux parties se réunissent afin de conclure un traité crucial dont personne ne veut vraiment, d’anciennes forces se réveillent. Car le conflit qui couve n’est que le pâle reflet d’une lutte autrement plus primordiale : une confrontation avec la blessure encore à vif d’une vieille trahison qui, plus que jamais, aspire à la vengeance dans son coeur bouillonnant…

Editeur : Leha – Traduction : Nicola Merrien – Date de parution : 05/06/2020 – 896 pages

L’Auteur

(source éditeur)

Archéologue et anthropologue de formation, féru d’histoire, Steven Erikson s’est inspiré de ces univers et des grands récits de la mythologie à l’instar de l’Iliade pour sa série Malazan Book of the Fallen. Son oeuvre, empreinte de grandes épopées et de mystères (nul ne peut prédire l’évolution de ses romans), est loin des clichés collant parfois à la fantasy. Il dépeint des personnages aux multiples facettes, alternant les bons comme les mauvais côtés, à l’image de l’être humain. Son oeuvre, multi-primée, est considérée par beaucoup comme une des toutes meilleures sagas d’epic fantasy jamais écrites. Né le 7 octobre 1959 à Toronto, au Canada, il a grandi à Winnipeg puis alterné son lieu de résidence entre son pays de naissance et l’Angleterre dont sa femme est originaire.

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