Underground Airlines – Ben H. Winters

Ben H. WINTERS - Underground Airlines

Il y a longtemps que je n’avais pas lu d’uchronie, la sortie d’Underground Airlines était l’occasion de renouer avec le genre.

Résumé

(source éditeur)

Amérique. De nos jours. Ou presque.

Ils sont quatre. Quatre États du Sud des États-Unis à ne pas avoir aboli l’esclavage et à vivre sur l’exploitation abjecte de la détresse humaine. Mais au Nord, l’Underground Airlines permet aux esclaves évadés de rejoindre le Canada. Du moins s’ils parviennent à échapper aux chasseurs d’âmes, comme Victor. Ancien esclave contraint de travailler pour les U.S. Marshals, il va de ville en ville, pour traquer ses frères et soeurs en fuite. Le cas de Jackdaw n’était qu’une affaire de plus… mais elle va mettre au jour un terrible secret que le gouvernement tente à tout prix de protéger.

Un roman d’une brûlante actualité qui explore sous le faisceau de l’uchronie une Amérique bien trop familière…

Ben H. Winters s’est fait connaître du public avec sa trilogie Dernier Meurtre avant la fin du monde. Avec Underground Airlines, il nous offre un livre coup de poing, récompensé par le prix Sidewise à sa parution en 2016.

Editeur : ActuSF – Traduction : Eric Holstein – Date de parution : 10/2018 – 440 pages

L’Auteur

(source Wikipédia)

Ben H. Winters, né le 14 juin 1976 à Potomac, dans le Maryland, aux États-Unis, est un romancier, poète et dramaturge américain, auteur de roman policier, de science-fiction et de littérature d’enfance et de jeunesse.

Mon avis

Bienvenue (ou pas…) dans des Etats-unis dans lesquels l’esclavage n’a pas été aboli. On n’est en effet dans une uchronie, une trame temporelle où Lincoln a été abattu avant la ratification du XIII ème amendement, où la Guerre de Sécession (que les américains appellent Civil War) n’a pas eu lieu et où quatre états ont décidé de maintenir l’esclavage des Noirs. Aussi, lorsque l’un d’eux arrive à s’échapper, les marshals lancent-ils à ses trousses un chasseur.

Nous suivons l’eux d’un, Victor, un ancien esclave qui s’est mis au service de la Loi. Contre une liberté toute relative, mais aussi parce qu’il a un implant permettant de le localiser et susceptible de le tuer sur ordre de son superviseur. Une autre forme d’esclavagisme, en quelque sorte. Victor, comme il’a fait des dizaines de fois, approche le réseau qui a aidé un homme à fuir d’une plantation de coton. Mais cette fois, tout ne va pas se passer si facilement, et il va vite comprendre que le dossier qu’on lui a transmis est incomplet et que ce n’est pas un « simple » esclave qu’il doit traquer…

Le personnage de Victor porte le roman. Très bon chasseur, surdoué pour la traque, froid et désabusé, il veille à ne pas s’attacher à ceux qu’il croise et à se concentrer sur sa mission. Tout en chassant de sa tête les démons de son passé d’esclave dans un abattoir (on connaîtra progressivement les conditions – terribles – de sa fuite). Et c’est donc avec horreur qu’il va devoir retourner dans un des états du Sud, et nous montrer ainsi la vie telle qu’elle est vécue là-bas par les Noirs.

Une plongée terrifiante, le pire étant les conditions de vie des « travailleurs », avec une main d’oeuvre « optimisée » et exploitée, notamment pour la production de vêtements (pourquoi aller en Chine quand il y a aux USA des « travailleurs » bien moins chers ?!). En filigrane, l’auteur brosse aussi le tableau d’une Amérique partiellement raciste, et les compromis entre les états abolitionnistes et leurs voisins, certes dérangeants mais aussi fournisseurs potentiels. Dans le contexte actuel du pays, on n’est hélas pas toujours très éloigné de cette autre réalité.

Le titre du roman est une allusion au Underground Railroad (que personnellement je ne connaissais pas), « un réseau de routes clandestines utilisées par les esclaves noirs américains pour se réfugier au-delà de la ligne Mason-Dixon et jusqu’au Canada avec l’aide des abolitionnistes qui adhéraient à leur cause » comme le dit si bien Wikipédia. Ici, il n’y a pas de lignes aériennes, mais un réseau de passeurs qui s’efforcent de rester le plus discrets possibles.

On reprochera peut-être au roman quelques longueurs ou une résolution finale un brin trop facile mais c’est chipoter un peu car avec un contexte passionnant (même si glaçant), un personnage principal très bien caractérisé et quelques questions de fond, que l’uchronie permet d’aborder, Underground Airlines se révèlent être un très bon roman, de ceux qu’on ne lâche pas une fois commencés et qui font réfléchir une fois reposés.

A noter aussi la postface de Bertrand Campeis, co-auteur érudit du Guide de l’Uchronie.

D’autres avis : Les Pipelettes en parlentLes lectures du makiUn Papillon dans la Lune Les Chroniques du Chroniqueur – Le Bibliocosme (Boudicca) – Au Pays des Cave Trolls – …

21 commentaires

  1. Comme Boudicca, c’est une de mes prochaines lectures. Par contre ton avis refroidit un peu les ardeurs, une impression de pas très original. Mais bon on va pas chipoter, si cela permet de passer un agréable moment de lecture ET de faire réfléchir…
    Comme toi, je ne connaissais pas le nom de Underground Airlines.
    (Un montrons pas très orthodoxe : et nous montrons ainsi 😉)

    J’aime

Laissez un commentaire...