Rêve de fer – Norman Spinrad

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Présentation

Acheté le même jour que Le Maître du Haut Château, j’étais intéressé par le fait de pouvoir lire deux traitements différents liés à une idée de base assez similaire: une réalité où la Seconde Guerre Mondiale ne s’est pas déroulée comme dans la nôtre. Pour çà, pas de surprise, Rêve de fer est radicalement différent du roman de P.K. Dick !

Résumé (source éditeur)

Et si, écœuré par la défaite allemande en 1918, Adolf Hitler avait émigré aux États-Unis ? S’il s’était découvert une vocation d’écrivain de science-fiction ? S’il avait rêvé de devenir le maître du monde et s’était inspiré de ses fantasmes racistes et belliqueux pour écrire Le Seigneur du Svastika, un roman couronné par de prestigieux prix littéraires ?
Étonnante uchronie et terrifiante parodie, Rêve de fer est une dénonciation sans appel et sans ambiguïté du nazisme.

L’auteur (source éditeur)

Partageant son temps entre Paris et sa ville natale, New York, Norman Spinrad s’est attaché à faire de la science-fiction une littérature engagée, critique face aux grands enjeux contemporains. Auteur de plusieurs dizaines de nouvelles et d’une quinzaine de romans dont certains ont fait date dans l’histoire du genre, journaliste, essayiste, il décline brillamment, tout au long de son œuvre, ses craintes et ses doutes face aux potentialités corruptrices du pouvoir, politique autant que médiatique.

Mon avis

Rêve de fer est un roman plutôt curieux. Parce qu’en fait, nous lisons une histoire intitulée « Le Seigneur du Svastika », écrite par un écrivain de S.F. nommé Adolf Hitler, habitant aux USA ! Une bien mauvaise histoire d’ailleurs, écrite dans un style outrancier, bardée d’exagérations en tous genre, dont le héros, un surhomme « génétiquement pur », va conduire sa nation à la conquête du monde face à des hordes de mutants aussi vils que répugnants. Bien sûr, dans cette uchronie, Spinrad fait une analogie flagrante avec la montée du nazisme en Allemagne, sa prise du pouvoir puis la guerre avec l’U.R.S.S. de l’époque. Poussant la « logique » jusqu’au bout, il imagine une victoire totale des troupes de son héros dans un délire complet, peuplé de meetings fascistes et de combats sanglants. Au delà de cette critique acerbe, il se moque aussi d’une certaine littérature de genre, ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il attribue à ce roman fictif le prix Hugo (récompense flatteuse qui fait référence dans le milieu SFFF).  Une certaine forme d’heroic fantasy en prend particulièrement pour son grade : celle qui consiste à confronter un héros titanesque, avec son arme magique, à des hordes d’adversaires qu’il étripe allègrement !

Spinrad nous livre donc ici une parodie de roman glorifiant son héros jusqu’à l’absurde, à lire au second degré. Et pour en convaincre son lecteur (ou éviter tout quiproquo sur le but recherché), il va même jusqu’à faire écrire une postface à un critique littéraire, lequel va analyser, disséquer, et tourner en ridicule ce « Seigneur du Svastika », et pointer les nombreuses névroses de son Hitler d’auteur. Une démonstration assez hilarante qui rachète presque le très mauvais style du roman, son histoire écoeurante et ses nombreuses longueurs. Presque, car si je cautionne la démonstration, sa longueur (plus de 300 pages quand même), rend le procédé assez indigeste…

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8 commentaires

  1. Concernant la parodie de genre, il y a surtout chez Spinrad et ses romans de cette période un rejet et une moquerie des aînés de l’Âge d’Or et de tous ces récits « pulps ». Il rejoint en quelque sorte cette « new wave of SF » venue contester ces grands classiques du genre dans les années 60-70.

    Le côté pulp et manichéen de Rêve de Fer fait penser à quelque chose de plus fantasy (heroic ou high d’ailleurs), tandis que dans les Solariens il s’attaquait plus de front aux grands pontes de la SF. Ici la critique satirique est toujours présente mais sert d’ingrédient à un thème plus grand : la montée du nazisme et la dictature allemande, tout en brisant un tabou d’après-guerre : la mise en scène uchronique de l’oeuvre d’Hitler (écho satirique à Mein Kampf).

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  2. Je reste dubitatif sur ce roman, passé le coup de gueule / coup de pied en vache en direction des grands anciens de l’Age d’Or que reste-t-il ?
    Un Spinrad mineur, non ? Je pense pouvoir faire l’impasse dessus.

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