Faux-Semblance – Olivier Paquet

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D’Olivier Paquet, je n’avais lu qu’une nouvelle (réussie) dans l’Anthologie 2016 des Utopiales. Le petit recueil Faux-Semblance me permet de continuer à le découvrir. Il comprend 4 textes, dont un inédit.

Résumé

(source éditeur)

Nous recherchons les correspondances entre les univers…

Quatre zones de conflit. Entre humains et extraterrestres ; entre mémoire et oubli ; entre adultes et enfants ; entre nature déchaînée et ce qu’il reste de la civilisation. Sous les cieux étrangers de galaxies lointaines, sur des champs de bataille envahis de cadavres, ou bien face à la vague qui a tout balayé, il faut imaginer de nouvelles façons d’aller plus loin. Même s’il faut achever de détruire pour renaître.

Les personnages d’Olivier Paquet ne renoncent jamais. Ce sont avant tout des survivants, des héros abîmés qui tentent de redonner du sens à leur vie. Grâce à la catastrophe qui les a laissés nus, ils redécouvrent ce qu’ils sont. Et ils trouvent la force de tendre la main vers l’autre, l’étranger, pour ouvrir ensemble des portes.

Jean-Claude Dunyach

Editeur : L’Atalante – Date de parution : octobre 2017 – 128 pages

L’Auteur

(source éditeur)

Docteur en science politique, Olivier Paquet est passionné par la science-fiction, l’animation japonaise et les mangas, genres pour lesquels il a été chroniqueur dans l’émission radiophonique « Mauvais genres » sur France Culture.

Si sa nouvelle La Première Œuvre paraît dans la revue Galaxies en 1998, c’est pour Synesthésie qu’il obtient en 2002 le Grand Prix de l’Imaginaire. Un an plus tard, il publie son premier roman, Structura Maxima, qui est salué par le prix Imaginales des lycéens. Il faut attendre 2012 pour que paraisse la trilogie du Melkine, récompensée par le prix Julia Verlanger. Sa nouvelle Graine de fer reçoit, en 2016, le prix Joël-Champetier qui lui a valu d’être publiée dans la prestigieuse revue Solaris.

Olivier Paquet est de ces rares auteurs de science-fiction dont les romans ont pour théâtre des opérations l’Europe. Les grands thèmes de la tragédie grecque sont convoqués, la vision politique est violente, tout en laissant place à l’espoir d’un renouveau.

Mon avis

Quatre textes très différents, donc, sont au sommaire de ce recueil.

Synesthésie raconte le contact entre deux individus, le gouverneur humain d’une petite planète et une émissaire alien, dans une ambiance tendue, sur fond de guerre galactique. La raison de leur rencontre ? Une Porte de voyage interstellaire que les humains utilisent et que les aliens convoitent. Mais cette Porte est pilotée par une IA qui fonctionne de façon très inhabituelle, sur les liens entre les passagers, leurs émotions et les images suscitées par les odeurs. Étrange et original. La nouvelle a été couronnée par le Grand Prix de l’Imaginaire en 2002.

Rudyard Kipling 2210 transpose une partie de l’histoire du célèbre écrivain sur un champ de bataille du futur, où s’affrontent humains et aliens. Le héros, ancien général, recherche les corps des soldats tombés au combat pour les identifier et leur offrir une sépulture. L’arrivée d’une jeune femme qui cherche son mari va lui faire repenser à son passé, affronter ses propres douleurs et aller vers autre chose. Un texte intéressant même si les réactions de certains personnages, comme celles de la jeune femme, sont un peu étranges (trop théâtrales ou choquantes ?).

Cauchemar d’enfants : en prenant au pied de la lettre l’expression « les enfants font la loi », l’auteur imagine un monde où les gosses règnent, choyés par leurs parents obligés par le gouvernement de les couvrir de cadeaux et d’obéir à leurs quatre volontés. Dans ce contexte, un inspecteur de police adulte, dirigé par son capitaine de… 14 ans, enquête sur du marché noir, de la revente de jouets que certains « vieux » pratiquent pour se payer sorties et distractions autrement fort limitées. Un univers qui frôle l’absurde en renversant les rôles et en les poussant au paroxysme, dans un climat de délation, de paranoïa et d’immaturité qui est original et inquiétant.

Une fille aux pieds nus est la nouvelle inédite du recueil. Suite à un tsunami au Japon, la jeune Hikaru erre au milieu des décombres. Elle y croise des gens désespérés, hébétés, perdus, des scènes de chaos indescriptible. Avec un point commun, les disparus, les familles disjointes. Ce qui lui évoque ses souvenirs et ses sentiments envers son père qu’elle n’appréciait guère et qui finit par lui manquer. Un récit émouvant, bien ancré dans la culture japonaise que l’auteur affectionne et comprenant une belle touche de fantastique.

Quatre textes différents et autonomes, que j’ai trouvé réussis et émouvants, originaux et faisant réfléchir. Une belle découverte.

A noter une belle couverture signée Aurélien Police, une préface érudite de Xavier Mauméjean et enfin un texte de quatrième de couv’ de Jean-Claude Dunyach, le tout dans un bel objet livre avec couverture à rabats et papier de qualité, pas mal, non ?

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