Le Magicien Quantique – Derek Künsken

Présenté par l’éditeur comme un croisement entre Ocean’s Eleven et la hard science, orné d’une belle couverture de Manchu, ce (premier) roman du canadien Derek Künsken ne pouvait que m’intriguer…

Résumé

(source éditeur)

Belisarius Arjona est un homme quantique. Ses pairs ont été créés pour pousser les capacités cognitives de l’humain à un niveau extrême. En fugue quantique, Belisarius est capable de transformer la probabilité en réalité. Toujours sur le fil, de par sa nature-même, il a trouvé un équilibre précaire en tant qu’escroc. Et quand un client lui offre une immense richesse pour déplacer une flotte de vaisseaux de guerre à travers un trou de ver ennemi, Belisarius accepte la mission et se met en quête d’un équipage composé de post-humains comme lui, mais aussi d’une Intelligence Artificielle surpuissante répondant au doux nom de saint Mathieu. Réussiront-ils leur mission, au risque de déclencher une guerre interstellaire ?

Editeur : Albin Michel Imaginaire – Traduction : Gilles Goullet – Date de parution : 26/02/2020 – 504 pages

L’Auteur

(source éditeur)

Derek Künsken est l’étoile montante de la science-fiction canadienne. Plusieurs de ses nouvelles, fort remarquées, ont été reprises dans les anthologies des meilleurs textes de l’année et traduites en diverses langues, notamment en chinois. Le Magicien quantique, son premier roman, a été comparé à Ocean’s Eleven pour l’aventure et l’humour, mais aussi aux romans de Greg Egan et Peter Watts, pour le vertige de ses idées.

Mon avis

Habituellement, je ne raffole pas vraiment de l’étiquette « quantique », utilisée le plus souvent à tors et à travers pour suivre la mode mais pas vraiment exploitée dans le récit. Dans Le Magicien Quantique, Derek Künsken, dont c’est le premier livre, a la bonne utilisé de lui trouver une vraie utilité via le cerveau « amélioré » de son héros, au nom improbable de Belisarius Arjona, qui peut quitter son état « normal » pour évoluer temporairement vers un stade de supra-intelligence lui permettant de percevoir d’autres états de l’univers, de calculer énormément de choses complexes, d’entrevoir des forces physiques primordiales… mais au détriment de sa santé physique.

Dans le futur où il évolue, Belisarius est un escroc, dissimulé sous une apparence de marchand d’art extrême, qui trompe l’ennui généré par sa super-intelligence (ou cherche sa place dans l’univers) en se lançant dans des escroqueries de haute volée. Il va être embauché par une petite nation qui rêve de se libérer de ses liens de vassalité et pourrait bien y arriver grâce à l’apport d’une invention équipant sa petite flotte de vaisseaux. Problème : il faut faire passer cette flotte par un trou de ver exploité commercialement, sorte de porte dans l’hyper-espace, lourdement gardé.

Derek Künsken suit la trame très classique des récits de braquage ou cambriolage : un héros désœuvré qui aime le risque, une forte somme à gagner lors d’une mission à haut risque, une équipe haute en couleur à recruter (dont un ancien amour de jeunesse), des embûches en cascade, et une réalisation au cordeau avec le risque de tout rater mais aussi de filouter (un peu plus) à la dernière minute. Et il le fait bien.

D’abord, parce qu’il choisit de créer un univers étrange et haut en couleur, où cohabitent plusieurs évolutions de l’homme, crées artificiellement et ayant gagné en autonomie. Certains ont été conçus pour résister aux profondeurs extrêmes (et ne peuvent se déplacer que dans un caisson spécial), d’autres sont « drogués » à la religion et fanatisés à l’extrême, et bien sûr les femmes et hommes quantiques sont hyper-intelligents. Au point qu’ils s’enfuient parfois dans leurs perceptions hors du commun et se demandent un peu ce qu’ils font concrètement dans leur vie.

Bien sûr, Künsken va associer les différentes sous-espèces au sein d’une équipe hétéroclite, qui lui permettra de changer de style (certains sont carrément orduriers) tout en jouant sur la dynamique de groupe, les oppositions, trahisons et coopérations plutôt inattendues. Cela fonctionne bien, au risque parfois de cannibaliser le récit principal qui passe presque en toile de fond. Il faut dire qu’une experte en explosifs et qu’un homme-poisson pilotant des vaisseaux spatiaux, cela génère plus d’action que les calculs éthérés des individus quantiques ! L’auteur exploite bien ces spécificités en créant une équipe hétéroclite mais avec des caractères très différents et bien trempés, si j’ose dire. Au passage, la religion et ses extrêmes est largement fustigée, et la place (dérisoire) de l’homme dans l’univers flotte en filigrane sur le récit.

Derek Künsken utilise astucieusement le fameux terme « quantique » pour arriver aux fins de son héros, tout en rendant assez compréhensibles les résultats de ses capacités (pas comme certains auteurs que je ne nommerai pas…). Et en mêlant cette partie plutôt cérébrale à de l’action pétaradante à coup de laser, de bombes nucléaires, de vaisseaux qui explosent de façon tout à fait satisfaisante (enfin, pour le lecteur, hein). Le Magicien Quantique remplit parfaitement ses promesses : combiner un récit a priori classique de braquage, le transposer dans un univers de space opera, utiliser des capacités surhumaines dans un background original, et arroser le tout d’assez d’action et de lasers pour arriver à un récit à haut pouvoir distrayant. Que demander de plus ?

D’autres avis : L’Epaule d’OrionLe Culte d’ApophisLe chien critique – Au pays des Cave Trolls – Les lectures du MakiLes Pipelettes en parlentLe nocher des livres – …

17 commentaires

  1. En lisant le titre, j’ai d’abord cru que tu parlais de « Le Voleur Quantique » de Hannu Rajaniemi (une grosse déception en ce qui me concerne, et je viens de lire le billet que tu avais écrit à ce sujet : je te rejoins complètement).
    Ah non, il s’agit ici d’un autre « quantique »^^.
    Tu m’as donné envie de lire ce livre, ne serait-ce que pour voir comment le sujet est traité. Et puis, voir comment se passe un braquage dans l’espace xD.

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  2. Ça a l’air sympathique en tout cas ! (Et pour le nom du héros, ça aurait pu être pire, il n’y a pas tant que ça de consonnes :p j’ai des souvenirs de prénoms indiens terribles !)

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