La Marche du Levant – Léafar Izen

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Orné d’une très belle couverture évocatrice (signée Hervé Leblan), La Marche du Levant est le premier roman de Léafar Izen et nous projette dans un univers où la devise est « Marche ou Crève » !

Résumé

(source éditeur)

Une Terre au ralenti. Une héroïne déterminée. Une épopée inoubliable.
Trois cents ans. C’est le temps que met la Terre pour tourner sur elle-même. Dans le ciel du Long Jour, le soleil se traîne et accable continents et océans, plongés tantôt dans une nuit de glace, tantôt dans un jour de feu. Contraints à un nomadisme lent, les peuples du Levant épousent l’aurore, les hordes du Couchant s’accrochent au crépuscule.
Récemment promue au rang de maître, l’assassine émérite Célérya accepte un enrôlement douteux dans le désert de l’est. Là, sans le vouloir, elle contribue à l’accomplissement d’une prophétie en laquelle elle n’a jamais cru.
Un domino vient de tomber ; les autres suivront-ils ?

Editeur : Albin Michel Imaginaire – Date de parution : 02/09/2020 – 656 pages

L’Auteur

(source éditeur)

Léafar Izen a évolué quinze ans dans le domaine des sciences et de l’ingénierie. À 35 ans, il quitte cette carrière pour s’installer au Chili, comme aubergiste et guide de montagne, sur les flancs du volcan Calbuco. Suite à l’éruption brutale de ce dernier en 2015, il décide de se consacrer à la littérature et partage son temps entre Cévennes et Patagonie.

Mon avis

La Marche du Levant se déroule dans un univers où les jours durent 300 ans, ce qui n’est pas sans poser de gros problèmes aux habitants de cette Terre. Avec un T majuscule, car on se rendra compte très vite que les lieux où se situent l’action ont des noms très proches de ceux que nous connaissons : Oural, Europa, Atlantika… Des endroits traversés par La Marche du Levant, un peuple En Marche (hum) qui doit progresser lentement, sur les traces du dégel qui le précède et fuyant dans le même temps la fournaise qui le poursuit. Du coup, les habitations et villes sont mobiles, traînées par d’énormes boeufs et déplacées régulièrement. Et les cultures doivent s’adapter : les éclaireurs plantent des arbres ou des cultures qui seront utilisés des années plus tard par le gros de la troupe arrivant alors sur place !

L’histoire est articulée en trois actes, trois « chants » qu’il aurait été bon de mieux présenter, par des mises en exergue, peut-être, plutôt que par de simples mentions mêlées au texte qui leur fait perdre le côté « légende ».

La capitale, Odessa, est dirigée par un Archiprêtre caricatural assoiffé de pouvoir (et de luxure), mais une prophétie va mettre à sa place une Elue. Du très, voire trop classique, même si ici l’avènement de l’Elue est un peu « aidé » par certains intervenants qui s’efforcent de faire cadrer les actes de celle-ci avec de mystérieux Versets sacrés qui, comme de juste, sont assez nébuleux pour permettre plusieurs interprétations. Toujours est-il qu’une Sainte Porte est censée s’ouvrir des années plus tard, et que la Marche va s’orienter vers celle-ci.

Au Nord, un peuple de barbares, les Nördtzins est lié par des accords d’entraide et a empêché une Marche concurrente, celle du Couchant, de détruire celle de Levant. On ne saura pas grand chose de plus sur cette menace… Dans ce contexte, la belle voleuse – assassine – courtisane Célérya va de vols en tueries au sein de la Guilde des Voleurs et se retrouvera impliquée à la fois dans l’avènement de l’Elue mais aussi dans la vie des Nördtzins. Si elle est censée être bad ass, sans scrupules et attirée uniquement par l’or, Célérya cache finalement un grand coeur, appréciant à la fois le barbare Oroverne qu’elle va côtoyer, un jeune voleur qu’elle va former et son maître de guilde qui va l’apitoyer. Un comble de mignonnerie ! Au passage, plusieurs effets de style m’ont un peu agacé : le barbare parle de lui à la troisième personne, Célérya vouvoie le jeune apprenti qui la tutoie… Si j’ai compris le but (implicite car non divulgué par l’auteur), j’avoue n’avoir pas trouvé d’intérêt véritable ces formulations parfois agaçantes à lire.

L’importance de Célérya dans le récit va diminuer au profit d’Akeyra, la fameuse Elue « aidée » par l’ambigu Ak Bhalak qui, lui aussi, va peu à peu disparaître (ou presque) du récit une fois son rôle achevé. Et c’est donc bien Akeyra qui va ensuite occuper le devant de la scène, une fois arrivée au pouvoir. Là, les coïncidences heureuses auront parfois tendance à se succéder pour lui permettre d’accomplir sa destinée, faisant traverser à la Marche du Levant l’Asie puis l’Europe avant de devoir franchir l’Atlantique pour trouver la Sainte Porte. D’ailleurs, autant l’auteur passe parfois plusieurs pages sur des événements somme toute mineurs, autant il met parfois un coup d’avance rapide de plusieurs années en deux lignes, c’est un peu déstabilisant.

Quant au twist final, personnellement je n’ai pas vraiment accroché, tant j’ai eu l’impression de retrouver des pages issues d’un récit d’un pulp des années 50 et non d’une dénonciation possible des effets du changement climatique et de la technofolie humaine. Mais comme je suis l’un des seuls, voire le seul, à avoir modérément apprécié, je vous laisse vous faire votre avis ! Dans un genre similaire, je vous recommande plutôt l’excellentissime Nefs de Pangée de Christian Chavassieux.

Que penser au final de La Marche du Levant ? Commençons par les points négatifs : le récit est sans doute trop long (et encore, cela devait être à l’origine une trilogie !), il est souvent mal équilibré, certains éléments laissent penser à de la fantasy mais n’auront pas d’explication au final (le combat final du barbare, un personnage qui semble magicien mais disparaît très vite), des personnages sont laissés en plan et peu développés, l’aspect « Légendes » ou « Conte » est raté, je n’ai pas accroché à certaines effets de style… Pour les points positifs : un background évocateur, même s’il aurait gagné à être un peu plus développé, une prophétie (fragile) qu’on fait rentrer dans les cases à coup de maillet, une écriture plutôt fluide et agréable, quelques changements de focus en cours de marche récit qui relancent l’intérêt, une épopée sur un temps long… Et pour le premier second roman de Léafar Izen, c’est déjà pas mal !

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