Par-delà l’horizon (anthologie)

Par-delà l'horizon anthologie

Par-delà l’horizon est une anthologie qui se veut un reflet de la littérature francophone actuelle, et regroupe ainsi 19 textes d’auteurs et d’autrices vétérans comme débutants. J’ai picoré dedans à intervalles irréguliers, pour éviter la saturation, voici donc mes avis.

La parfaite équation du bonheur – Émilie Querbalec

Je n’ai lu de l’autrice que Quitter les monts d’automne, je la retrouve ici avec une nouvelle qui traite des assistants personnels, des applications que l’on utilise comme guide et dont on suit les recommandations. C’est très poussé dans ce texte puisque l’application sert pour la rencontre entre un homme et une femme mais va aussi s’immiscer (à leur demande la plupart du temps) dans leurs envies de vacances, de conception d’enfants voire de sexualité. On peut toujours la désactiver mais le veut-on vraiment ? L’idée est bonne, même si elle n’est pas très originale, mais j’ai trouvé qu’il manquait quelque chose pour rendre le texte plus captivant.

Deimocratos – Stéphane Beauverger

Une nouvelle âpre dont l’action se déroule dans un pays de l’Est, après une guerre chimique (et écologique ?). Les habitants sont dénués d’émotions, prenant des médicaments qui annihilent leur peur. Dans ce contexte, une femme étrange va partir à la recherche de son fils, disparu dans une forêt interdite. J’ai été un peu dérouté par le traitement, car si l’atmosphère glaciale et oppressante est réussie, le récit livre peu à peu ses secrets mais d’une façon qui m’a parue assez austère.

på ön  – luvan

Une nouvelle qui m’a laissé complètement indifférent avec, si j’ai bien compris, le retour d’une femme ayant vécu sur une autre planète et sa difficile intégration dans un petit village suédois. Je n’ai pas accroché au style, et le fait d’ajouter des poèmes ou chansons en un mélange d’anglais et d’allemand (non traduits) me semble plus un artifice stylistique qu’autre chose.

Le Pack – LL Kloetzer

Le ou les Kloetzer sont bien connus et (généralement) appréciés sur ce blog, voyons donc ce qu’ils nous ont mijoté cette fois. Et en fait, je ne sais pas comment comprendre ce récit qui me semble lorgner à la fois vers le jeu vidéo, une série télé et l’exercice de survie dans une station spatiale ? Je ne dois pas avoir les bonnes références, en tout cas c’est plutôt frustrant.

Espoir – Silène Edgar

De Silène Edgar, j’avais lu Fortune Cookies que je n’avais pas vraiment apprécié. Ici, départ dans les étoiles pour un vaisseau non habité d’où naîtra la vie une fois arrivé sur une planète propice. Je n’ai pas été complètement convaincu par le style et l’objectif de ce texte ni par le couple d’enfants-amis-amants qui repeuplera la nouvelle Terre sur fond de technologie et de mythologie.

Et le verbe se fit cher – Pierre Bordage

Vétéran de la SF française, Pierre Bordage figure lui aussi au sommaire de ce volume. Il égratigne ici une certaine idée du milieu littéraire (vécu ou fantasmé ?) et imagine un postulat de départ amusant : les mots sont taxés par une société qui en a les droits, et les écrivains essaient de contourner le péage qui plonge leurs (déjà) faibles revenus. Le texte est peut-être un peu trop gentil mais résonne avec l’actualité des organisations d’auteurs, ce qui le rend militant tout en fustigeant aussi la marchandisation du patrimoine (ici, les mots écrits).

Carne – Lauriane Dufant

Un texte étrange et dérangeant sur des êtres végétaux intelligents, dans un futur postapo. L’un d’eux découvre une autre forme de vie… Je ne suis pas fan du style qui est assez particulier mais le fond est original.

Le juge, le bot et l’écureuil – Christian Léourier

Comment juger un robot assassin ? C’est la question que pose cette nouvelle brodant sur une variation d’Asimov, avec un juge désabusé en fin de carrière se posant des questions sur l’âme ou le libre-arbitre. Classique.

Projet Cerebrus 199 – Floriane Soulas

Une nouvelle réussie sur le thème des expériences en vue d’envoyer un pilote dans l’espace, sans sacrifier ou faire prendre de risques à une population déclinante. Avec un twist final original.

Variation sur un poème de Borges – Romain Lucazeau

Je n’ai lu que quelques lignes de ce texte ampoulé, je n’ai donc rien à en dire de plus.

La solitude des fantômes – Audrey Pleynet

C’est toujours un plaisir de lire Audrey Pleynet et de retrouver un texte où les dérives de la société sont pointées. Ici l’hyperconnexion (volontaire) qui transforme pratiquement les individus en zombies (j’ai du mal à croire que les forfaits « Z » ne sont pas un clin d’oeil). La fin vire un peu au rocambolesque mais c’est amusant.

L’heure où s’écrasent les zabèy – Michael Roch

Un futur postapo, des drones qui assassinent les humains passé un certain âge (je crois), dommage que l’auteur ait malmené le vocabulaire (ou l’ait créolisé ?) car cette technique rend parfois le texte obscur voire rebutant.

In der Höhle – luvan

Comme pour le texte précédent de l’autrice, je suis complètement passé à côte de celui-ci, encore plus cryptique.

J’ai senti venir l’avalanche dès les premiers flocons – Léo Henry

 Certainement poétique, cette nouvelle non plus ne m’a pas parlé et je ne l’ai pas finie.

Quantique pour la liberté – Ketty Steward 

Cette nouvelle met en scène deux femmes dans un futur proche mais bien peu reluisant, qui fait passer le profit et la « flexibilité » de l’emploi avant tout. Il faut tout sacrifier pour être productif, famille, proches, loisirs et surtout ne s’attacher à rien ni personne, même si on est un objet jetable pour la société qui nous emploie. La réflexion est intéressante, je suis plus réservé sur l’implication « quantique » et sur la fin.

Ne vous inquiétez pas on va s’y mettre – Jean-Laurent Del Socorro 

D’habitude, je suis fan des écrits de Jean-Laurent Del Socorro mais là, je suis un peu déçu de ce récit de « premier contact » qui ne m’a pas convaincu, avec un étrange melting pot de personnages paumés, et des aliens finalement assez peu présents .

Chéloïdes – Jeanne-A Debats

Dans un établissement psychiatrique vit recluse une écrivaine, qu’un médecin essaye de comprendre et de guérir du traumatisme (et de la malédiction ?) de son agresseur passé. L’ambiance est réussie mais je n’ai pas vraiment compris la fin !

Golden Age Blues – Frédéric Jaccaud

Avis mitigé sur cette nouvelle dont j’ai aimé certains aspects, dont la nostalgie (inventée quand on ne l’a pas connue directement) des années 50 ou 60 aux U.S.A., des grosses bagnoles, des dinners et fusées construites dans son garage… tandis que d’autres m’ont laissées indifférents (les tribulations des personnages qui n’avancent pas, quelques incohérences voulues, je suppose). Dommage.

Ce qui se tapit dans la tour – Chris Vuklisevic

Je n’ai pas réussi à rentrer dans l’histoire donc j’ai préféré arrêter rapidement.

Conclusion générale

L’exercice de l’anthologie est forcément ingrat puisqu’il y a toujours des textes qui plaisent plus ou moins au lecteur, et personne ne sera convaincu par tous les récits. Ici, les styles sont différents et un certain nombre des nouvelles, voire la majorité, ne m’ont pas séduits (voire pour certaines, pas parlé du tout…). J’ai donc un sentiment mitigé sur cette anthologie qui, si elle rassemble des auteurs de renommée et d’expérience variés, ne m’a pas donné à lire beaucoup de textes vraiment marquants.

D’autres avis

Au Pays des Cave TrollsLes pipelettes en parlentLe Dragon GalactiqueLa Bibliothèque d’Aelinel – …

Résumé

(source éditeur)

De quoi la science-fiction française est-elle le nom ?
Rassemblant dix-neuf auteurs et autrices, Par-delà l’horizon est une anthologie ambitionnant de faire un point d’étape sur la SF hexagonale contemporaine.
Le futur, lointain ou très proche, les réseaux, l’hyper connexion, la technologie, les désastres écologiques, politiques, sociétaux… et surtout l’humain, sont au cœur de leurs histoires, de leur fables en permanence reliées à notre monde. Dix-neuf textes de science-fiction pour parler d’avenirs mais surtout de notre présent.
Avec Stéphane Beauverger, Pierre Bordage, Jeanne-A Debats, Jean-Laurent Del Socorro, Lauriane Dufant, Silène Edgar, Léo Henry, Frédéric Jaccaud, LL Kloetzer, Christian Léourier, Romain Lucazeau, luvan, Audrey Pleynet, Émilie Querbalec, Michael Roch, Floriane Soulas, Ketty Steward et Chris Vuklisevic.

« Leur SF est moins de la Science-Fiction à l’ancienne, nourrie de savoirs scientifiques objectivables, qu’une nouvelle Science de la Fiction des littératures de l’imaginaire, (…) intensément connectée à notre réel pour tenter d’en exorciser les peurs, voire pour le réinventer, ce réel, “par-delà l’horizon” que l’on croyait si obstrué. »

Postface d’Ariel Kyrou.

Editeur : ActuSF, Collection Les Trois Souhaits – Date de parution : 22/10/2021 – 550 pages

14 commentaires

  1. Pas de textes un peu « chelou » dans cet antho mais j’aime bien l’exercice. Moi non plus j’ai pas tout pigé à la fin de Chéloïdes et c’est très dommage car j’aimais beaucoup la nouvelle jusque là mais ça m’a un peu cassé mon truc. Relu 4 fois (la fin pas la nouvelle en entier) et 🤷‍♀️

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  2. « pour éviter la saturation » : vu ton sentiment global très mitigé, je crois que tu as bien fait, qu’est-ce que ça aurait donné sinon. Le bon et le moins bon c’est le lot des anthologies, mais tu n’as clairement pas été gâté. 😅

    Aimé par 1 personne

    • Effectivement, c’est assez mitigé. La « saturation », c’est le fait que j’ai du mal à enchaîner les nouvelles quand je lis un recueil ou une anthologie, du coup je n’en lis qu’une puis je passe à une autre activité^^

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