Pierre-de-Vie – Jo Walton

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Depuis la Trilogie du Subtil Changement et surtout l’excellentissime Mes Vrais Enfants, je suis un inconditionnel de Jo Walton et il était donc inévitable que je lise Pierre-de-Vie, sorti en anglais en 2009 et dix ans plus tard, cette année, chez Denoël.

Résumé

(source éditeur)

Applekirk est un village rural situé dans les Marches, la région centrale d’un monde où le temps ne s’écoule pas à la même vitesse selon que l’on se trouve à l’est – où la magie est très puissante et où vivent les dieux – ou à l’ouest – où la magie est totalement absente.
C’est la fin de l’été, et la vie s’écoule paisiblement pour les villageois. Mais le manoir va être mis sens dessus dessous par le retour de Hanethe, qui fut autrefois la maîtresse des lieux. Partie en Orient, elle y est restée quelques dizaines d’années. Mais, plus à l’ouest, à Applekirk, plusieurs générations se sont succédé. Ayant provoqué la colère d’Agdisdis, la déesse du mariage, Hanethe la fuit. Mais Agdisdis est bien décidée à se venger.

Subtil roman de fantasy – prix Mythopoeic en 2010 –, Pierre-de-vie dresse le portrait de femmes simples et merveilleuses, d’une famille sans histoires mais singulière, confrontées à des changements qui les dépassent, dans un monde hors du commun.

Editeur : Denoël Collection Lunes d’Encre – Traduction : Florence Dolisi – Date de parution : 23/05/2019 – 336 pages

L’Auteur

(source éditeur)

Née au pays de Galles, Jo Walton vit depuis 2002 au Canada. Elle est l’auteur de nombreux romans, dont Morwenna qui a reçu les prix les plus prestigieux (British Fantasy Award, prix Nebula et prix Hugo), la trilogie du Subtil changement, Mes vrais enfants et Les griffes et les crocs.

Mon avis

Or donc, j’ai lu Pierre-de-Vie qui vient de sortir chez Denoël mais qui date en fait de 2009, il a d’ailleurs reçu l’année suivante le Prix Mythopoeic spécialisé en fantasy. Et c’en est, dans un cadre moyenâgeux, certes, mais bien loin des canons du genre.

Ici, la fantasy est relativement subtile, j’entends par là discrète, surtout au début du roman. Baptisée yaya, la magie sert à cuisiner (ne pas se brûler les mains en sortant les plats du four, par exemple), s’occuper de la maison (fermer les portes, annoncer les visiteurs, protéger des humeurs portées par le vent) mais aussi voir le passé ou l’avenir. Pas de fireball à outrance, donc, mais plutôt des cantrips (si j’ose un clin d’œil rôliste). On verra ensuite, lors du siège du manoir local, quelques effets plus puissants et spectaculaires.

Mais l’essentiel n’est pas là. Pierre-de-Vie, c’est la chronique d’une famille, sur plusieurs années voire décennies, le tout étant assez enchevêtré. Cela surprend un peu au début, d’autant que les personnages sont assez nombreux et que la narration mêle les temps des verbes, mais le tout reste parfaitement fluide et digeste si on se prend au récit (coup de chapeau au passage à la traductrice Florence Dolisi qui livre ici – encore – une copie parfaite).

Une fantasy campagnarde, presque, voilà un sous-genre à suggérer au dieu de la taxinomie Apophis, dans un monde où le temps s’écoule différemment selon la région, et où l’influence de la magie et des dieux fait de même. Le petit village d’Applekirk prospère gentiment et paisiblement, et les principaux soucis résident dans la météo ou les récoltes en cours. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le personnage principal, une femme-mère-amante nommée Taveth a pour pierre-de-vie (comprendre : but principal, métier ou occupation en harmonie avec son être) la gestion de son foyer. Elle passera d’ailleurs l’essentiel du récit à tresser des charmes, faire à manger et gérer les réserves du manoir.

Autour d’elle, une grande famille où règne le plus grande tolérance amoureuse et sexuelle : le mari de l’une est l’amant de l’autre, chacun(e) butine à sa guise sous l’œil bienveillant du conjoint(e) et tout le monde s’occupe des enfants. Un équilibre chaleureux et bienveillant que Jo Walton dépeint avec tendresse et finesse, peuplé de personnages attachants.

C’est l’irruption d’étrangers qui sèmera la zizanie : le beau et jeune Jankin fera tourner les têtes des femmes, tandis que l’ancêtre et magicienne Hanethe, venue d’un lieu où le temps passe plus lentement, et poursuivie par rien moins que la vengeance d’un dieu (celui du mariage, ce n’est pas un hasard), viendra perturber l’harmonie d’Applekirk et y amener la guerre. La tempête soufflera sur le village et son manoir, sur les familles mais tel le roseau, les personnages ploient mais ne rompent pas.

Un roman d’ambiance par lequel il faut se laisser porter (comme pour l’excellentissime Mes Vrais Enfants), des personnages attachants regroupés dans une foyer chaleureux, une sorte d’ode à la famille et à l’amour sous toutes ses formes, un récit subtilement féminin… Encore un très bon moment de lecture grâce à Jo Walton !

D’autres avis : Un Papillon dans la LuneLe Bibliocosme (Boudicca) – Au pays des cave trolls – Le Dragon GalactiqueNevertwhereLivrementRSF blog – …

21 commentaires

  1. Je viens de le finir et je plussoie totalement, vraiment une excellente lecture. Et quelle joie de lire un roman avec si peu de violence et un cadre globalement positif !

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