Planète à Louer – Yoss

Planète à louer - Yoss

Je n’avais jamais encore lu de récit de Yoss et j’avoue qu’il est bon parfois de sortir des sentiers battus et des auteurs anglophones ou francophones pour découvrir d’autres horizons. Yoss étant cubain, sa vision est assez particulière et se ressent dans Planète à Louer où il se livre à une critique de son pays, sous couvert de science-fiction.

Résumé (source éditeur)

Dans un futur indéterminé, une guerre nucléaire totale est sur le point d’éclater. Afin de sauver la Terre, des espèces extraterrestres en prennent possession, après avoir fait montre de leur force en annihilant l’Afrique. Ils y imposent des règles draconiennes visant à rétablir l’équilibre écologique. Un siècle plus tard, notre planète est redevenue un paradis, un « monde souvenir », où les riches xénoïdes viennent faire du tourisme. Mais derrière l’image d’Épinal, les conditions de vie des Terriens sont loin d’être idylliques.

Buca, la prostituée, Moy, l’artiste métis ou Alex, le scientifique de génie, tous n’aspirent qu’à une seule chose : fuir… partir… s’exiler… quitter la Terre… par tous les moyens !

PRIX JULIA VERLANGER 2011

L’Auteur (source éditeur)

Né en 1969 à La Havane où il réside toujours, Yoss, de son vrai nom José Miguel Sánchez, est l’un des fers de lance du renouveau de la science-fiction cubaine.

Yoss est licencié en biologie, sait lire depuis l’âge de 4 ans et est un boulimique de livres, surtout de Fantasy et de Science-Fiction. Il découvre le genre par le biais des grands écrivains russes (Abramov, Effremov, Lem) tout en se nourrissant des auteurs de l’âge d’Or de la science-fiction anglo-saxonne (Asimov, Bradbury, Clarke). Après avoir épuisé toutes les publications disponibles à Cuba sur ces thèmes, il décide d’écrire pour se créer de nouvelles histoires. Déjà publié en Italie et en Espagne, la France l’accueille dans ses anthologies et revues avant de l’inviter aux Utopiales (2002 et 2004) et aux Imaginales (2003).

Depuis quelques années, l’auteur n’obtient plus de visa pour sortir du pays et si Se Alquila una planeta (le titre original de Planète à louer) est paru en Espagne, il n’en est rien à Cuba où l’ouvrage se diffuse de manière confidentielle. Yoss est passionné d’arts martiaux, il est ceinture noire de judo et de karaté. Il est aussi chanteur dans son groupe de heavy metal, TENAZ dont il écrit la plupart des paroles.

Mon avis

Planète à Louer se présente sous la forme de plusieurs nouvelles, qui se lisent indépendamment mais dans lesquelles on retrouve des allusions plus ou moins importantes aux personnages des autres récits. Le contexte est futuriste, avec une Terre qui est un lieu de villégiature pour les différentes races extra-terrestres dominant la Galaxie, alors que les humains, jugés inférieurs, n’ont pas accès au progrès ni le droit de quitter librement leur planète !

Yoss nous présente des personnages plutôt dedésespéréesui n’ont qu’une idée en tête : quitter la Terre à tout prix. Ainsi, Buca la prostituée, enfin, la « travailleuse social indépendante », accepte la compagnie d’un insectoïde colossien pour pouvoir quitter la Terre, quitte à devoir un jour porter ses larves qui la dévoreront vivante en grandissant. Daniel le sportif défend le drapeau de sa planète face à une équipe coalisée. Moy l’artiste livre un spectacle où son corps est déchiqueté en public, assurant sa popularité. Romualdo le policier a un sens bien particulier du fonctionnement du système. Alex le surdoué aimerait bien émigrer grâce à ses neurones. Jowe le peintre cherche à fuir la Terre, même sur un astronef bricolé entre amis. Brutos l’extra-terrestre, lui, adopte une petite fille à qui il offre la richesse, mais est-ce vraiment suffisant ?

Difficiles de résumer sans spolier ces récits bien vus, avec un arrière-plan travaillé et crédible, qui insistent sur le désespoir des terriens, mis au ban des races civilisées et qui cherchent à quitter leur planète dans n’importe quelles conditions. Une dénonciation du système cubain, mais de nombreuses situations du livre pourraient refléter ce qui se passe dans quasiment tous les pays pauvres de notre globe. Ajoutons que cela est écrit de façon suffisamment intelligente (et souvent amusante et cynique) pour ne pas pénaliser le récit par un ton moralisateur.

Un excellent recueil de nouvelles que l’on apprécie d’autant plus qu’elles se complètent, très bien écrites, avec de la SF qui traite des problèmes de société de façon intelligente. Pas étonnant que Planète à Louer se soit retrouvé dans la short-list du Prix Planète-SF 2011 !

Je n’en ai pas fini avec Yoss, dont j’ai bien envie de découvrir d’autres récits, ce qui tombe bien puisque Interférences est dans ma PAL. Pour finir, une petite remarque sur l’édition poche où il manque les définitions des quelques mots espagnols annotés dans le texte.

Une belle façon de clôturer ma participation au challenge Star Wars Episode II et de faire un combo avec le JLNND (lecture #10) !

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