La Troisième Griffe de Dieu – Adam-Troy Castro

La Troisième Griffe de Dieu - Adam-Troy Castro

Andrea Cort est de retour, et comme j’avais aimé le premier volume de sa saga, Emissaires des morts, c’est avec un certain plaisir que je l’ai retrouvée dans une nouvelle enquête, un nouveau roman et même un peu plus.

Résumé

(source éditeur)

En choisissant ses nouveaux maîtres, Andrea Cort a été bien récompensée : elle est devenue Procureure extraordinaire pour le Corps diplomatique de la Confédération homsap. Enfin libérée de la plupart des liens hiérarchiques, elle n’a plus à rendre compte de ses déplacements.
Invitée par la famille Bettelhine – des marchands d’armes qui sont moralement complices de nombreux massacres et génocides –, elle se rend sur Xana. Andrea méprise les Bettelhines, mais la curiosité est plus forte : elle aimerait savoir ce qu’ils lui veulent.
A peine arrivée au port orbital, des assassins tentent de l’éliminer avec une arme extraterrestre vieille de 15 000 ans : la troisième griffe de Dieu. Une arme aux effets effroyables. Piégée dans un ascenseur spatial, Andrea va devoir mener l’enquête la plus périlleuse de sa carrière.

Editeur : Albin Michel Imaginaire – Traduction : Benoît Domis – Date de parution : 02/06/2021 – 464 pages

L’Auteur

(source éditeur)

Adam-Troy Castro est l’auteur d’une vingtaine de romans et de cinq recueils de nouvelles. La trilogie Andrea Cort (Emissaires des morts, La Troisième griffe de Dieu, La Guerre des Marionnettes) est son œuvre la plus connue. Le premier roman, Emissaires des morts, a reçu le prix Philip K. Dick.

Mon avis

La Troisième Griffe de Dieu se situe dans la continuité des évènements du premier tome, même si de nombreux rappels résument le parcours de l’héroïne, Andrea Cort, de façon à le rendre compréhensible. Néanmoins, devant la qualité du roman mais aussi des nouvelles que l’on trouve dans Emissaires des morts, il serait dommage de s’en priver et de ne pas le lire ! Cort est maintenant devenue Procureure Extraordinaire et choisit ses missions, qui peuvent ou non cadrer avec son employeur officiel, le Corps Diplomatique de la Confédération homsap (donc les humains de cet univers où coexistent plus ou moins pacifiquement plusieurs races sentientes), mais aussi de ceux qui la font oeuvrer en sous-main, un ensemble d’Intelligences Artificielles avec qui elle communique par la pensée.

Après des années de rejet et de mise au ban de l’univers pour sa participation à un crime de guerre, Cort connait maintenant l’amour avec les Porrinyard, composés de deux corps mais d’un seul esprit, ce qui occasionne de nombreuses situations inédites, notamment car l’un des corps sait toujours ce que fait ou ressent l’autre. Cort, à défaut d’avoir meilleur caractère (mais c’est comme ça qu’on l’aime) se pose un peu plus de questions et arrive parfois à ressentir de l’empathie pour ses interlocuteurs, son blindage s’est donc un peu fêlé mais elle reste quand même assez asociale et terriblement efficace quand elle se concentre sur son travail. Au passage, c’est elle qui raconte l’histoire.

La superbe couverture de Manchu résume le lieu principal de l’action : un ascenseur spatial qui mène vers la planète Xana, propriété de la famille Bettelhine, des marchands d’armes universellement connus – et haïs pour leur métier (et encore, certaines armes sont tellement terribles que même eux se refusent à les commercialiser !). Que veulent-ils à Cort, propulsée invitée d’honneur de la famille, en marge de ses fonctions officielles ? Pourquoi un Bocaïen, alien dont la race est liée à Cort depuis le génocide qui l’a marquée dans sa jeunesse, est-il assassiné ? Que veulent les trois héritiers familiaux qui sont présents sur place ? Tant de questions, peu de réponses pour cet écheveau criminel que Cort, aidée par son couple d’amants, va devoir démêler dans une enquête policière somme tout classique (un mort, pléthore de suspects, des interrogatoires en série, une « horloge » qui tourne pour mettre la pression à tout le monde) mais qui se révèle passionnante.

D’abord, parce qu’il y a la pugnace Andrea Cort qui ne s’en laisse pas compter. Et qui se révèle pleine de faille, parfois de contradictions, et moins sûre d’elle ou incisive que dans le passé, sans pour autant que sa dureté ne soit complètement émoussée. Sans oublier ses amants, bien sûr. Ensuite, par le décor, pas uniquement l’ascenseur mais l’univers (même si les aliens sont assez peu présents dans cette histoire), la planète où une puissante famille règne en maîtresse absolue (avec un sens particulier de la dévotion qu’elle attend de ses « sujets »), les différents protagonistes de l’histoire… Et si certains indices sont assez faciles à repérer, si quelques secrets sont assez prévisibles, la toute fin du roman est une surprise totale et rebat drastiquement les cartes concernant Andrea Cort. Et l’écriture intelligente d’Adam-Troy Castro, très fluide, se prête très bien à ce récit qu’on dévore rapidement.

En bonus, une longue nouvelle, Un coup de poignard, complète ce second volume. Cette fois, c’est un homme, Draiken, qui est le narrateur et le protagoniste principal (et est un autre héros récurrent de l’auteur, qui se livre ici à un petit crossover). On y découvre la Nouvelle-Londres, le siège de la Confédération, dans une histoire qui voit aussi revenir Tasha Coombs, l’héroïne principale – et malheureuse – d’une nouvelle précédente. Située chronologiquement après le roman (mais écrite près de 10 ans plus tard), elle est sympathique mais un peu trop nébuleuse, au moins au début, peut-être parce que cette fois Cort est en retrait (tout en étant au centre, les lecteur comprendront).

Pour résumer, La Troisième Griffe de Dieu est un excellent roman, avec une nouvelle en bonus qui est loin d’être désagréable, et le personnage d’Andrea Cort est toujours aussi attachant et réjouissant (personnellement j’aime beaucoup son sale caractère, toute ressemblance etc…). De façon assez inexplicable, et malgré les très bonnes critiques du premier tome, Emissaires des morts, mais aussi de celui-ci (à ce jour, je n’ai lu que des avis unanimes pour vanter la qualité de cette saga), les ventes ne suivent pas et la sortie du troisième tome est compromise. Comme dirait Apophis, « il faut sauver le soldat Castro » et vu qu’on ne contredit pas un dieu du chaos, vous savez ce qu’il vous reste à faire ! Sinon vous aurez (aussi) affaire à moi, parce que j’espère bien lire la suite en V.F.
’nuff said !

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