La Petite Déesse – Ian McDonald

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Je suis toujours un peu méfiant en ouvrant un livre de Ian McDonald. L’auteur est doué mais parfois complexe pour moi, ses livres étant touffus et nécessitant d’être assez concentré. En même temps, je n’ai lu que Desolation Road et Roi du Matin, Reine du Jour (ayant détesté l’un et apprécié l’autre…). C’est pourquoi j’avais évité Le Fleuve des Dieux, épais pavé qui partage son univers avec La Petite Déesse, recueil que j’ai pourtant abordé assez serein, ayant lu et apprécié la nouvelle éponyme dans le numéro de Bifrost dédié à l’écrivain.

La Petite Déesse faisant partie de la short-list pour le Prix Planète-SF 2013/2014, il fallait donc que je lise le recueil, ce que je ne regrette pas !


L’Auteur

Ian McDonald est né en 1960, à Manchester. C’est l’un des auteurs de science-fiction les plus talentueux et les plus récompensés. Il est notamment connu pour son roman Le fleuve des dieux qui a reçu de nombreux prix. Ian McDonald vit à Belfast avec sa femme.

Résumé

En 2004, Ian McDonald publiait en Angleterre un roman d’une ambition peu commune dans le paysage de la science-fiction contemporaine, Le Fleuve des dieux, un livre monstre de plus de 600 pages, aux multiples intrigues situées dans une Inde de 2047 balkanisée et en proie à une sécheresse sans précédent. Le prix de la British Science Fiction Association a récompensé ce roman qui s’est aussitôt imposé comme le Blade Runner du début de XXIe siècle. Son édition française a reçu le Grand Prix de l’Imaginaire.

En 2009, Ian McDonald a rassemblé sous le titre La Petite Déesse les sept nouvelles et courts romans qu’il avait écrits sur cette même Inde du futur. On y découvre, souvent par le biais du regard d’enfants, un sous-continent où les hommes sont quatre fois plus nombreux que les femmes, où se côtoient puissants, gens d’une extrême pauvreté, intelligences artificielles et stars virtuelles, tous confrontés à des menaces d’un genre nouveau.

Mon avis

Sous une très belle couverture de Manchu, la Petite Déesse comprend sept nouvelles où Ian McDonald va mêler avec brio tradition, modernité et science-fiction dans l’univers complexe d’une Inde en profonde mutation. Ici, les djinns millénaires affrontent les intelligences artificielles et les habitants respectent les traditions tout en utilisant des palmeurs (gants tactiles) et des lightoeks (oreillettes connectées avec affichage directement dans le cerveau).

Sanjiv et Robot-wallah. Des enfants soldats pilotent des robots de combat tout en arborant des looks branchés, ils jouent à la guerre comme à des jeux vidéos et se retrouvent perdus et déconnectés à tous niveaux une fois celle-ci finie. Un court récit désabusé.

Kyle fait la connaissance du fleuve. L’amitié entre un jeune américain, fils d’expatrié richissime, et son jeune ami indien pauvre, qui passent leur temps dans un monde virtuel où ils peuvent se retrouver malgré les différences culturelles et les interdits de la vie réelle. Touchant.

L’assassin-poussière. Une guerre économique entre deux conglomérats utilisant des drones et des robots, conduit des familles concurrentes à s’affronter. Mais les armes ont plus d’une forme. Un récit avec un twist final glaçant.

Un beau parti. Un récit tragi-comique dans lequel McDonald met en scène un jeune homme s’aidant d’une I.A. professeur de conversation, de danse ou de maintien pour trouver sa promise. Dans une Inde où naissent 4 fois plus d’hommes que de femmes, la compétition est en effet rude pour trouver une femme à épouser, surtout quand la télé-réalité s’en mêle. Humour et tristesse sont au programme de cette nouvelle.

La petite déesse. Pas de surprise avec ce récit déjà lu mais le plaisir de retrouver une intrigue marquante, avec le destin de cette jeune fille, déesse vivante tant qu’elle n’a pas perdu de sang, et de sa rapide déchéance ensuite. Paradoxalement, elle trouvera son salut dans le summum de la technologie, en passe d’interdiction dans son pays. Un récit doux-amer très marquant et brillamment écrit.

L’épouse du djinn. Une belle danseuse tombe amoureuse d’une I.A. mais se rend compte que celle-ci est multi-tâche et n’est donc pas toujours qu’avec elle. Belle histoire d’un amour impossible qui vire au tragique lorsqu’en plus la diplomatie internationale s’en mêle.

Vishnu et le cirque des chats. La longue vie du héros, fruit de l’ingénierie génétique, permet de balayer les évolutions du pays au cours de son morcellement en plusieurs états belliqueux. La plus longue nouvelle du récit et peut-être celle qui fait le plus référence aux événements se déroulant dans le roman du Fleuve des Dieux, j’ai eu le sentiment d’un récit annexe à une trame plus importante, qui ne donnerait vraiment son plein effet qu’en connaissant celle-ci .

Très bien écrites, les nouvelles de ce recueil m’ont paru accessibles et passionnantes, avec des récits qui se complètent les uns les autres, et sans avoir besoin de lire forcément Le Fleuve des Dieux. Un choc des civilisations, à la fois entre les traditions indiennes et les apports  futuristes, mais aussi pour le lecteur occidental, plus habitué à des histoires se déroulant aux USA ou en Europe que dans une Inde en mutation technologique et en combats régionalistes. Un grand moment, qui me donne envie d’aller à la rencontre du Fleuve

A lire aussi les avis de : Lorhkan GromovarBlackwolfLhisbeiTigger LillyBibliocosme – Julien le Naufragé – Lune – Lecture42 – …

je lis des nouvelles et novellas
JLNND #9

21 commentaires

  1. Content que tu aies aimé !
    Avec « Le fleuve des dieux » en tête, c’est encore meilleur, notamment comme tu le dis pour la dernière nouvelle, qui est une vaste chronique du destin de l’Inde sur de nombreuses années, en englobant les faits dévoilés dans « Le fleuve des dieux ».

    Tu n’as plus qu’à te mettre au roman. Long et touffu, mais il le vaut bien, j’adore ce bouquin !

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  2. ça fait un moment que je me dis qu’il faudrait que je lise un Ian Mcdonald. Je pense que ce recueil sera parfait. J’ai rarement (jamais en fait !) lu des nouvelles de sf qui se passaient en Inde. Lier technologies et djinns, le résultat a l’air intéressant.

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  3. J’ai Le fleuve des dieux en attente dans ma PAL depuis presque un an, mais j’hésite toujours à m’y mettre en raison de sa taille. Je pense quand même le lire avant la fin de l’année, et m’attaquer à La petite déesse dans la foulée.

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